Que vous soyez familier ou non du monde du cinéma, la désignation « Série B » ne vous est certainement pas étrangère. On ne compte plus le nombre de fois où on a eu l’occasion d’entendre cette expression pour parler de nos films fantastiques ou horrifiques favoris de manière vaguement méprisante… SooGeek revient avec vous sur l’histoire de la Série B et la manière dont elle est liée à l’histoire du cinéma geek.
Les films dits « de genre » ont toujours eu leur place au cinéma n’en déplaise à certains, et cela ne date pas d’hier. On désigne en général par « film de genre » les productions qui ne se définissent pas par leur réalisateur ou leurs vedettes mais justement par leur genre. Ces films, qu’ils soient horrifiques, fantastiques ou policiers, n’ont jamais été regardés d’un très bon oeil par le grand public ou la critique, ce pourquoi jusqu’à récemment les studios hollywoodiens ne leur accordaient pas de budgets conséquents. À la place, ils les produisaient à bas coût pour être sûr de les rentabiliser. Jusqu’ici tout cela est logique, mais d’où vient notre fameux « Série B » ? « B Serie » a en fait été le label apposé aux films à bas coût à partir des années 30 à Hollywood.
En fait, même avant l’apparition de cette désignation, les grands studios hollywoodiens divisaient déjà leurs productions entre, d’un côté, les films à gros budget avec stars et histoires grand public, et de l’autre, les films à budget réduit rentabilisant le matériel du studio mais autorisant un peu plus de prise de risque. C’est cependant bien dans les années 1930 que cette division va être institutionnalisée dans le circuit de l’exploitation cinématographique puisque les studios envoyaient dans les cinémas deux films diffusés l’un après l’autre au cours d’une même séance : il y avait le film « Série A » à gros budget avec les stars du moment pour lequel le public venait au cinéma, et avant lui il y avait le film « Série B » à petit budget avec son histoire fantaisiste. « Série B » était donc un véritable label officiel.
Concrètement, les films qui portaient le label « Série B » étaient de genre, et ne faisaient pas venir le grand public en salle autrement : western, film noir, et un peu plus tard fantastique et science-fiction y sont archi-dominants. Ces films vont d’ailleurs rencontrer leur public au point que, malgré les lois antitrust américaines de la fin des années 1940 qui cassent le modèle d’exploitation en double-programme, l’esprit de la Série B va rester très vivace et les films de genre vont continuer de se multiplier. La fin de la censure dans les années 1960 va d’ailleurs booster la production de films d’horreur, et toute cette mentalité faite de petits budgets et d’histoires originales ou bizarres va perdurer jusque dans les années 1980, le temps qu’une ribambelle de films d’horreur cultes ne soient produits, avant que dans les années 1990 et 2000 la science-fiction et le fantastique ne deviennent à leur tour des genres mainstream disposant eux aussi de gros budgets…
N’en déplaise à ceux qui chérissent leur élitisme culturel, le cinéma de genre a une longue histoire et la Série B en a longtemps été le plus sympathique porte-étendard ! On ne peut que se réjouir de voir que ce mode de production a favorisé la diversité, l’inventivité et la prise de risque, pour des résultats qui peuvent être sympathiques pour de bonnes comme de mauvaises raisons ;). Cela nous rappelle d’ailleurs que la culture geek est liée à ce type de cinéma depuis bien longtemps. Préférez-vous les grosses productions ou les films sortant de cette norme ?
Par Romain Berthommier, le