Un prisonnier via Depositphotos
En 2004, le monde entier avait été choqué par les agissements abjects des militaires américains sur les détenus irakiens de la prison d’Abou Ghraib. Aujourd’hui, Amnesty International lève le voile sur les exécutions de masse ayant eu lieu dans la prison de Saydnaya en Syrie. L’ONG révèle que 13 000 personnes ont été pendues entre le début du conflit syrien en 2011 et 2015. Si les temps de guerre sont toujours propices aux massacres, c’est sans compter la régime d’Assad qui ne souffre d’aucune dissidence.
Le rapport d’Amnesty International est le fruit d’une année d’enquête conduite entre 2015 et 2016. Après avoir rencontré pas moins de 84 témoins dont des gardiens de prison, des anciens détenus, des juges, des avocats, mais aussi des spécialistes de la détention en Syrie, l’ONG est venue à la conclusion que le régime syrien avait mené une véritable « politique d’extermination » dans la prison de Saydnaya, transformée en « abattoir humain » le temps du conflit.
Pendant cinq ans, Saydnaya est devenue le théâtre funeste des pendaisons massives orchestrées par le régime syrien. La plupart du temps, les accusés sont soumis à un procès factice et arbitraire de deux minutes devant le « tribunal militaire opérationnel » où la sentence est décidée d’avance. Les condamnations se font en marge du système légal, les accusés n’ont pas le doit à un avocat et avouent tout ce qu’on leur demande sous la torture. Cette dénaturation totale de l’État de droit s’applique pour tous les opposants politiques au régime d’Assad, il faut savoir que la plupart des condamnés envoyés à Saydnaya sont des civils.
Trompés sur le sort qui leur est réservé, les détenus sont donc transportés bien loin des prisons civiles, dans des cellules où ils sont battus, torturés et pendus. Tout dans la prison est pensé pour humilier les détenus. Contraints de vivre quotidiennement avec la mort, les prisonniers mangent dans le sang de leurs compagnons quand ils ne sont pas privés de nourriture et sont exposés aux bruits d’étouffement des condamnés ; pire, ils doivent régulièrement cohabiter avec les cadavres des autres avant qu’ils ne soient ramassés. De nombreux détenus affirment même avoir été victimes de viols ou forcés de violer d’autres prisonniers.
Les condamnés sont toujours pendus avec un bandeau sur les yeux pour qu’ils ne puissent pas comprendre les circonstances de leur mort. Un ancien juge affirme que le poids des plus jeunes n’est pas toujours suffisant pour les tuer par pendaison. Après 10 ou 15 minutes d’agonie au bout de la corde, les assistants viennent alors leur briser la nuque. D’après le rapport, près de 50 personnes peuvent être exécutées dans la même nuit, le régime se débarrassent ensuite des corps dans le plus grand secret.
Si Daech a profité de la guerre civile en Syrie pour se consolider et s’étendre, il reste difficile de comprendre comment certains gouvernements comme la Russie peuvent encore soutenir la dictature de Bachar el-Assad. La stabilité du Moyen-Orient nécessite parfois de discuter avec des dirigeants qui ont les mains sales ; mais personne ne doit oublier ni cautionner les atrocités du régime d’Assad. Espérons que les pourparlers de Genève seront en mesure de mettre fin à ces crimes contre l’humanité.
Par Antoine - Daily Geek Show, le
Source: Amnesty International
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