Au sein de l’un des pays les plus pauvres de l’Union européenne, le système de santé est naturellement en décomposition. Pour protester contre le manque criant de moyens, des dizaines de médecins démissionnent.
Un manque de moyens dû en grande partie à la corruption
La Roumanie est sans conteste un pays magnifique. Toutefois, elle fait partie des plus corrompus d’Europe. En 2019, un rapport du groupe d’États contre la corruption du Conseil de l’Europe pointait ses manquements. Depuis, le pays n’a pas vraiment évolué et l’épidémie de Covid-19 vient souligner ces manquements. En effet, il est encore possible d’y acheter son diplôme de médecin. De même, certains postes à l’hôpital sont réservés au clientélisme. Ainsi, le pays n’est pas du tout prêt à assumer une telle vague de malades.
Le 27 mars dernier, c’était le ministre de la Santé lui-même, Victor Costache, qui démissionnait, officieusement poussé vers la sortie par le Premier ministre, Ludovic Orban. À cause du manque de moyens dont souffre le personnel hospitalier, de nombreux soignants sont déjà tombés malades. Ainsi par exemple, Le Monde rapporte que, dans la petite ville de Suceava, à la frontière avec l’Ukraine, le quart des personnes malades est constitué de médecins et d’infirmières. Un de ces médecins affirme qu' »on nous a envoyés à la mort » et déplore le manque criant de masques, gants, désinfectants, combinaisons…
Mais la pénurie de moyens n’est pas seule en cause : la Roumanie manque également de médecins. En cause, la diaspora qui a touché les anciens pays du bloc de l’Est après l’effondrement du communisme. Les candidats au départ sont de plus en plus diplômés et souffrent du niveau de corruption aigu d’une administration et d’un gouvernement qui ont voulu attaquer l’indépendance de la justice.
Un pays qui ne présente plus d’attrait pour ses citoyens
Les médecins ne sont pas les seuls à manquer dans ce pays. Dans le pays le plus pauvre de la zone euro, la fuite des cerveaux n’est pas nouvelle. Un rapport de l’ONU de 2017 classait même la Roumanie comme le deuxième pays du monde d’où les migrants sont originaires, juste après la Syrie. C’est dire si le pays manque de perspectives. Des milliers de médecins ont préféré partir exercer dans les pays de l’Ouest, où les postes y sont plus rémunérés. Depuis 2007, ce sont 4 millions de Roumains qui quittent chaque année leur pays, sur les 19 millions que compte le pays.
La ville de Suceava, près de la frontière ukrainienne et d’où de nombreux soignants ont démissionné, est désormais l’épicentre de l’épidémie dans le pays. Elle est en quarantaine et seule l’armée peut y entrer et en sortir. Les procureurs y ont ouvert une enquête pour opposition grave au combat contre la maladie et abus de pouvoir, car les autorités auraient privilégié des notables et n’auraient pas respecté les mesures sanitaires imposées par le gouvernement, ce qui a conduit à la propagation du virus. Plusieurs options sont sur la table du gouvernement sur la manière de gérer cette crise : soit interdire aux soignants démissionnaires d’exercer en Roumanie, ce qui ne règlerait pas le problème du manque de médecins… soit leur donner un préavis avec un temps de réflexion.
La surcharge des hôpitaux est aussi le fait du retour de la diaspora, venue se confiner au pays et fêter la Pâques orthodoxe, alors que beaucoup étaient malades. Ce sont plus de 200 000 Roumains de l’étranger qui sont rentrés sans avoir été testés.
La Roumanie, pays le plus pauvre d’Europe, souffre depuis de longues années de corruption, du manque de moyens et de son manque d’attrait. En pleine crise sanitaire, tous ces problèmes ressurgissent de façon violente, et font craindre une hécatombe évitable.
Par Marine Guichard, le
Source: Le Monde
Étiquettes: diaspora, roumanie, manque de moyens, soignants
Catégories: Actualités, Société
Depuis la crise du Covid-19, la Roumanie a mis en quarantaine massivement les personnes arrivant de l’étranger et a pris les mêmes mesures que les autres pays européens (dont la France). Le système sanitaire roumain est en revanche plus démuni, cela ne fait pas de doute. Néanmoins, le discours du gouvernement a été un discours de vérité, assumant les erreurs et les manquements (à défaut de ce que nous avons connu en France, par exemple).
Cet article manque un peu de nuances. Il y a certes de la corruption là-bas, et d’autres « relents » du régime communiste qui a marqué, pendant 50 ans, les mentalités. La réalité est un peu plus complexe, à tous les niveaux. Mais l’article ne rend pas compte correctement de la situation, rapportant sans véritablement les comprendre des informations lues ou entendues sur ce qui se passe là-bas. Et si on balayait devant notre porte d’abord?