La littérature et le cinéma sont deux médias qui ont souvent entretenu des relations nourries, à défaut d’être toujours heureuses. Cependant il existe un certain nombre de chefs-d’œuvre littéraires qui paraissent impossible à porter à l’écran, et que les cinéastes se sont tout de même évertués à adapter pour les salles obscures. SooGeek vous fait découvrir dix des monuments incontournables de la littérature.
Le Seigneur des Anneaux – J.R.R. Tolkien
Monument de la littérature de fantasy, Le Seigneur des Anneaux est une œuvre littéraire incontournable… et terrifiante pour n’importe quel scénariste. S’étalant sur des dizaines d’années et comptant de nombreux personnages, le texte de J.R.R. Tolkien ne se prêtait pas forcément de bonne grâce à une adaptation cinématographique limitée à quelques heures. Et pourtant, Peter Jackson a relevé le défi.
Le Parfum – Patrick Süskind
Le roman écrit par Patrick Süskind en 1985 n’a pas manqué de se constituer une aura sulfureuse en raison de son sujet : l’histoire est celle d’un homme qui tue des femmes pour leur voler leur odeur. Non seulement la violence graphique est toujours un piège à l’écran mais la représentation de sensation olfactive, dans un art purement visuel comme le cinéma, paraît tenir de la gageure. Et pourtant Tom Tykwer l’a porté à l’écran, pour un résultat inégalé.
Cartographie des nuages – David Mitchell
6 histoires complètement différentes se déroulant à six époques distinctes… Le concept de base de Cartographie des nuages ne paraît pas se prêter facilement au jeu d’un portage de moins de 3 heures à l’écran. Et pourtant, Andy et Lana Wachowski et Tom Tykwer se sont attelés à la tâche pour un résultat étonnant qui soutient la comparaison avec le roman et le surclasse dans son propre registre, celui de l’art visuel, notamment en donnant aux acteurs un rôle, différent, dans chacune des six trames.
Le Tombeau des lucioles – Akiyuki Noyaka
Peu de personnes savent que, initialement, le déchirant Tombeau des lucioles était un roman semi-autobiographique écrit par Akiyuki Noyaka. Dans cette œuvre, l’auteur raconte comment, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, sa petite sœur adoptive est morte de faim en partie à cause de lui, avant de faire mourir le personnage qui le représente. Ce roman terrible aurait pu paraître impossible à retranscrire à l’écran, mais c’était sans compter la justesse et la pudeur d’Isao Takahata.
Les Liaisons dangereuses – Choderlos de Laclos
Certes, de nombreuses adaptations cinématographiques ont été faites du chef-d’œuvre de Choderlos de Laclos, notamment le fabuleux Dangerous Liaisons de Stephen Frears, mais elles ne doivent pas faire oublier que le roman Les Liaisons dangereuses est un chef-d’œuvre avant tout grâce à sa forme épistolaire. C’est donc sa structure, sous forme de lettres, qui lui donne son caractère si spécial et son rythme étonnant, mais ces éléments constituent toujours autant d’écueils pour réaliser une adaptation cinématographique réussie.
Dune – Franck Herbert
Le chef-d’œuvre de Franck Herbert, roman de science-fiction le plus vendu au monde, n’a pas manqué de susciter l’intérêt des producteurs. Cependant, ses nombreux personnages et son intrigue foisonnante auraient dû en effrayer plus d’un, et à juste titre, car réussir à porter tout cela à l’écran en quelques heures tient de la gageure. Gageure que David Lynch a tentée, avec le succès que l’on sait.
Le Dahlia noir – James Ellroy
Véritable pierre angulaire du roman noir, Le Dahlia noir de James Ellroy est un véritable maelström sombre et glauque qui entraîne le lecteur dans le Los Angeles sordide de la fin des années 1940, à deux pas des grands studios. Le texte en lui-même étant déjà difficile autant dans le fond que la forme, une adaptation semblait ardue à réaliser. Et c’est finalement à Brian DePalma qu’est revenue la lourde responsabilité de porter cette œuvre sur grand écran.
Lolita – Vladimir Nabokov
S’il y a bien un roman qui n’a pas manqué d’outrer à sa publication dans l’Amérique des années 1950, et qui continue encore aujourd’hui de déranger (à fort juste titre) c’est bien Lolita de Vladimir Nabokov. On y suit le récit d’Humbert Humbert à propos de sa passion pédophile pour la jeune Lolita. Cependant, Stanley Kubrick porte cette histoire à l’écran dès 1960, et une autre adaptation est réalisée en 1997 (mise en musique par Ennio Morricone). Et bien sûr, tout le « défi » repose sur le fait qu’il est bien sûr impensable de faire jouer à une actrice mineure et un acteur adulte des scènes suggestives d’une quelconque manière que ce soit.
Alice au pays des merveilles – Lewis Carroll
Alice au pays des merveilles a été adapté de nombreuses fois au cinéma, notamment par Disney à deux reprises. Cependant cela ne doit pas faire oublier que, originalité oblige, le texte de Lewis Carroll fait la part belle au loufoque et est gorgé de références humoristiques et culturelles sous forme de saynètes qui en font aussi bien le casse-tête des traducteurs que le cauchemar des scénaristes qui cherchent à en faire l’adaptation fidèle.
L’Orange mécanique – Anthony Burgess
On connaît surtout Orange mécanique par l’adaptation polémique livrée par Stanley Kubrick en 1971 et son discours aussi dérogeant que profond sur la violence. Et c’est bien autant par les actes horribles qui y sont dépeints que par la réflexion ambivalente qui leur est attachée que le roman L’Orange mécanique écrit par Anthony Burgess en 1962 paraissait bien impossible à porter à l’écran.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les cinéastes et les scénaristes ne se sont pas facilité la tâche en voulant porter ces œuvres à l’écran. Que ce soit par leur forme ou leur sujet, ces œuvres littéraires ne paraissaient vraiment pas évidentes à porter à l’écran, et le résultat en a été très variable. Préférez-vous découvrir les histoires en romans ou en films ?
Par Romain Berthommier, le