Ils marchent sous la pluie, sourient aux clients et plient le linge mieux que moi un dimanche soir. En Chine, une nouvelle génération de robots humanoïdes quitte les salons technologiques pour intégrer la vie de tous les jours, avec des modèles capables d’interagir, d’apprendre et d’assister les humains dans les tâches domestiques ou professionnelles.

Le DR02 de Deep Robotics : un robot tout-terrain prêt à quitter le labo et affronter le monde réel
Commençons par un exemple frappant. Sous une pluie diluvienne à Hangzhou, le DR02 ne bronche pas. Il mesure 1,75 m, marche à 4 m/s, porte 20 kg et fonctionne entre -20 et +55 °C. Ce robot signé Deep Robotics marque un tournant. On passe du prototype de salon à la machine opérationnelle.
Autrement dit, on quitte le domaine de la démonstration pour entrer dans celui de l’usage réel. Dépoussiéré, résistant, précis : il a tout du parfait agent logistique ou de maintenance. Surtout, il est certifié IP66. Preuve que le matos est pensé pour le terrain, pas juste pour les salons high-tech. L’ambition ? Faire du DR02 un outil quotidien des industries. Un peu comme un exosquelette 2.0.

Quand les robots deviennent vendeurs, guides et compagnons multilingues dans des expériences réelles
Poursuivons notre tour d’horizon avec Wuhu. Lors de la conférence Chery 2025, un autre humanoïde faisait le show : le Mornine d’AiMOGA Robotics. Il a mené une démo de vente automobile, seul. En onze langues. Avec accueil, explication des modèles, ouverture de portière. Le tout, sans bug.
De toute évidence, la prouesse n’est pas seulement technique. Elle est surtout expérientielle. Ces robots sortent des stands. Ils entrent dans des scénarios du quotidien. Et ça change tout. Car une fois qu’on voit un robot parler couramment sept langues et manipuler des objets fragiles, on se dit : « Pourquoi pas chez moi, demain ? »
L’industrialisation accélérée des robots chinois vise un déploiement massif dans les foyers et entreprises
En parallèle, un autre signal fort : la Foire de Canton 2025. Elle confirme la tendance. Les robots sont en vente. Plus de 46 entreprises, 207 000 acheteurs, 217 pays représentés. Des contrats d’importation sont déjà en préparation. Chez Unitree Robotics, on affiche ses ambitions. L’humanoïde H2 plie les vêtements, navigue en usine. Il a séduit Alibaba, Tencent, Geely.
Dans le même temps, d’autres acteurs avancent. AheadForm propose des visages expressifs. Kepler mise sur un robot Bumblebee à 34 000 dollars. Bref, la Chine ne fabrique plus des robots pour la vitrine. Elle fabrique des produits livrables, testables, améliorables. En boucle rapide.

La Chine prépare une société où les robots humanoïdes seront omniprésents d’ici 2045
Pour aller plus loin, il suffit de regarder les chiffres. 100 millions de robots d’ici 2045. Pas des gadgets. Des humanoïdes conçus pour travailler, assister, vendre. Pékin investit 170 milliards de yuans. L’objectif ? Intégrer la robotique partout. Dans les usines, les services, les maisons.
À titre de comparaison, les États-Unis parient sur l’IA avec Tesla et son robot Optimus. La Chine, elle, avance plus vite. Elle industrialise à grande vitesse. Capteurs, articulations, IA embarquée : tout est fabriqué localement. Pendant qu’ailleurs on teste encore, la Chine déploie.
Et nous, dans tout ça ? D’un côté, la fascination. De l’autre, le questionnement. Mais une chose est sûre : cette révolution se joue sous nos yeux. Il ne s’agit plus de savoir si les humanoïdes arrivent. Il s’agit de savoir quand et comment ils transformeront nos vies.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Technologie, Robots & IA