Le rapport d’autopsie de Jacob, rhinocéros noir décédé le 31 décembre 2019 à l’âge de 28 ans, vient d’être révélé. D’après l’ONG Rewild, l’animal souffrait de dénutrition, de stress et de lésions sévères dus à sa captivité.
Le rachat d’un zoo en difficulté financière
Le 31 décembre 2019, Jacob, un rhinocéros noir né dans le zoo de Pont-Scorff, près de Lorient, décédait à l’âge de 28 ans, avait annoncé l’ONG Rewild, une coalition de sept associations à la tête du zoo. En effet, en décembre dernier, Rewild a racheté le zoo afin de le transformer en centre de réhabilitation d’animaux sauvages saisis lors du démantèlement de trafics. Le zoo, qui était dans une profonde difficulté financière, abrite des lions, éléphants, girafes, pandas roux et des loups. Mais 15 jours après l’arrivé de l’ONG à la direction du zoo, Jacob s’éteint.
Le 7 février, Rewild a publié sur Facebook les résultats de l’autopsie pratiquée le 2 janvier par la clinique vétérinaire des Sept Chapelles. Il s’avère que l’animal souffrait de dénutrition, de stress, de fatigue et de « lésions buccales sévères » qui « empêchaient Jacob de s’alimenter correctement”. Un état directement lié à sa captivité.
Une santé catastrophique liée à son état de captivité
Dès l’arrivée de Rewild au zoo, la vétérinaire en charge du suivi médical du rhinocéros leur a expliqué que Jacob était “vieux, très mal en point” et qu’il était sans doute sur le point de mourir. Or, Jacob n’a que 28 ans. En comparaison, la doyenne des rhinocéros noirs, qui s’est éteinte de cause naturelle dans un sanctuaire en Tanzanie le 27 décembre 2019, a vécu jusqu’à 57 ans, avec la plus grande partie de sa vie passée en liberté. C’est pourquoi l’ONG a souhaité comprendre les raisons de ce décès précoce.
Elle explique dans son communiqué que « l’autopsie conclut à une cachexie avancée (affaiblissement profond de l’organisme, perte de poids, fatigue, atrophie musculaire), liée à une dénutrition très importante, avec absence totale de réserve graisseuse« . Jacob avait en effet de grosses difficultés à s’alimenter à cause de graves lésions buccales qui se sont par la suite transformées en infection. En effet, lui et sa compagne Siwa, décédée à l’âge de 20 ans en 2012, sont tous les deux morts suite à des nécroses dermo-pathologiques superficielles (NDS) liées à des taux extrêmement élevés de fer dans le foie. Ces nécroses sont provoquées par le stress, le froid et l’hémochromatose hépatique.
Les rhinocéros noirs maintenus en captivité accumulent le fer dans le foie en raison de l’alimentation qui leur est prodiguée dans les zoos. L’anémie hémolytique qui en résulte est une cause majeure de mortalité et serait responsable de la mort de 40 % des rhinocéros noirs captifs. De plus, il faut savoir que les conditions climatiques du zoo sont très différentes de ce que ces animaux pourraient expérimenter en milieu naturel puisque, même en altitude à Laikipia au Kenya, il ne gèle jamais et il n’y a jamais de vent sec.
Rewild constate et déplore que Jacob « aura vécu toute sa vie dans un climat inadapté à ses besoins, avec une nourriture inadaptée à ses besoins et dans un état de faiblesse et de souffrance directement induit par ses conditions de rhinocéros captif« .
Une remise en question de la sauvegarde dans les zoos d’espèce menacées
Adaptés au climat chaud de l’Afrique, les rhinocéros peuvent parcourir en liberté jusqu’à 25 km par jour et courir jusqu’à 50 km/h. Or, dans son zoo, Jacob a connu “le froid, le confinement, les infections, les carences, le stress et la douleur”. Un constat qui pousse l’ONG à remettre en question le bien-fondé de la sauvegarde dans les zoos d’espèces menacées.
Rewild déplore que “tous les vétérinaires qui sont intervenus sur le cas de Jacob connaissaient la nature de ses pathologies et leur caractère directement imputable à la captivité. (…) Aucun n’a commencé à émettre le début d’une remise en question du bien-fondé de maintenir en zoos des animaux en danger critique d’extinction, que la captivité rend vulnérable aux infections et aux maladies, qu’elle fait vieillir et mourir prématurément.” Les données récoltées dans les zoos semblent en tout cas indiquer un véritable problème puisque, sur les 173 rhinocéros noirs maintenus en captivité depuis 2000, 97 sont morts avant l’âge de 20 ans (soit 56,07 %) dont 34 avant même d’avoir atteint leur premier anniversaire (20 %).
“Seule la mort l’aura libéré d’une vie qui n’aura été que l’ombre de ce qu’elle aurait dû être”, conclut tristement l’organisation.
Par Maurine Briantais, le
Source: L'Express
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