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Remuer la queue, baisser les oreilles… Et si ces signes qu’on croit universels n’étaient que des illusions humaines ?

On croit souvent comprendre leur langage comme on comprendrait celui d’un ami. Une queue qui remue ? De la joie. Des oreilles basses ? De la peur. Mais si ces signes n’étaient que des reflets de nos propres émotions mal projetées, déformant ainsi la réalité de leurs ressentis ?

Chien au pelage fauve observant attentivement son propriétaire, la queue légèrement relevée, illustrant l’ambiguïté du langage corporel canin.
Un chien peut sembler calme ou heureux, mais son langage corporel est souvent interprété à travers nos propres émotions humaines – DailyGeekShow.com / Image Illustration

Ce que révèle vraiment un chien qui remue la queue ou baisse les oreilles

Lorsqu’un chien remue la queue, nombreux sont ceux qui pensent qu’il exprime sa joie. Ce réflexe d’interprétation immédiate reste pourtant trompeur. Une queue en mouvement peut aussi trahir du stress, de la frustration, voire de l’agressivité. Tout dépend du contexte, de la posture globale et de l’intensité du geste.

Une équipe de chercheurs de l’Université d’État d’Arizona, dirigée par Holly Molinaro et Clive Wynne, a mis en évidence l’influence des biais cognitifs humains sur la lecture émotionnelle des chiens. En effet, au lieu d’observer objectivement le chien, l’humain interprète son comportement à travers le filtre de ses propres émotions.

Une expérience scientifique bluffante : pourquoi nous interprétons mal les émotions de notre chien

L’étude a révélé un décalage saisissant. Les chercheurs ont diffusé des vidéos d’un même chien dans deux contextes opposés : l’un positif (réception d’une laisse), l’autre perçu comme négatif (présence d’un aspirateur). Le comportement du chien restait identique, mais les réactions des participants divergeaient fortement. Le chien semblait heureux dans la première vidéo, inquiet dans la seconde.

Cette expérience démontre clairement que l’interprétation émotionnelle repose davantage sur la situation que sur les signaux réels de l’animal. Même les personnes familières du chien observé se sont laissé piéger. Le propre père de la chercheuse, pourtant habitué à l’animal et présent dans la vidéo, a mal interprété ses émotions.

Cette tendance à juger selon le contexte, plutôt qu’en se basant sur les signaux objectifs, souligne une limite fréquente dans la lecture comportementale. Les humains réagissent davantage à la charge émotionnelle d’une scène qu’aux indices corporels concrets émis par l’animal. Par conséquent, la compréhension intuitive des chiens reste souvent biaisée par des automatismes cognitifs humains.

L’anthropomorphisme émotionnel : un biais humain qui nous éloigne de la réalité animale

Ce phénomène, connu sous le nom d’anthropomorphisme émotionnel, désigne la tendance à attribuer aux animaux des sentiments, intentions ou réactions typiquement humains. Ce réflexe automatique, profondément ancré dans le fonctionnement cognitif, pousse à interpréter les gestes d’un chien comme on le ferait pour un proche, sans considérer les codes spécifiques à l’espèce canine.

Cette confusion engendre régulièrement des malentendus et parfois des réactions inadaptées. Par exemple, un chien qui évite le regard ou se couche ne manifeste pas forcément de la tristesse ou de la culpabilité. Il cherche souvent à désamorcer une tension. Lire ce comportement avec un prisme humain peut ainsi provoquer des réponses injustes.

Apprendre à observer sans projeter : vers une lecture plus juste et respectueuse de son chien

Décrypter les émotions d’un chien ne consiste pas à appliquer une grille universelle. Cette démarche requiert de l’observation, du temps et une posture d’humilité. Abandonner les certitudes humaines favorise une écoute plus attentive et nuancée.

En adoptant cette approche, la relation avec l’animal évolue en profondeur. Le fait de ne plus projeter ses propres émotions permet de remarquer des signaux plus subtils : variations de posture, micro-réactions, silences. Il ne s’agit plus d’imaginer ce que ressent le chien, mais de le comprendre dans son langage propre, avec patience et ouverture.

Par Gabrielle Andriamanjatoson, le

Source: Science & Vie

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