En février 2017, des scientifiques ont annoncé qu’il serait possible de « recongeler » l’Arctique, en installant 10 millions de canons à neige sur la calotte glacière, afin de reconstituer la glace de mer qui ne cesse de diminuer. Si ce projet reste pour l’instant très théorique, des chercheurs suisses viennent de lancer des tests, afin de voir s’ils peuvent soutenir tout un glacier durant l’été, juste en utilisant ces machines.
1ère étape : préserver le glacier Diavolezzafirn
Si l’équipe réussit à conserver avec succès un petit glacier artificiel au pied du glacier Diavolezzafirn dans le sud-est de la Suisse pendant les mois les plus chauds de l’année, elle espère pouvoir appliquer cette technique au géant naturel du pays, le glacier Morteratsch.
S’il s’agit d’un des glaciers les plus massifs des Alpes de l’Est, ce dernier a reculé rapidement à cause de la hausse des températures et perd actuellement de 30 à 40 mètres de neige chaque année. Par conséquent, il se pourrait que le seul espoir pour préserver le glacier suisse de Morteratsch réside dans les milliers de machines à neige nécessaires pour le recouvrir de neige artificielle.
Un projet utopiste pour préserver l’Arctique
Si tout cela vous semble un peu exagéré, les scientifiques ont démontré mathématiquement qu’il est techniquement possible d’utiliser ces machines pour reconstruire les glaciers. Plus tôt cette année, une équipe dirigée par un physicien de l’Université de l’Arizona, Steven Desch, a publié un rapport décrivant comment des millions de pompes pourraient recréer de la glace dans l’océan Arctique. Mais le vrai problème de ce projet est la vaste étendue de cette région.
L’équipe a calculé que couvrir seulement 10 % de l’Arctique impliquerait l’installation de 10 millions de pompes, qui devraient ensuite pulvériser 7,5 kg par eau par seconde.
» Si ces pompes sont réparties dans l’ensemble de l’Arctique, il en faudrait environ 100 millions » a déclaré le rapport. Afin de construire une flotte de 100 millions de pompes pour sauver l’ensemble de l’Arctique, il faudrait plus d’acier qu’en produisent les États-Unis en une année.
Un projet envisageable pour le glacier suisse Morteratsch
Une version miniature a été proposée par des chercheurs en Suisse.
L’expert des glaciers Johannes Oerlemans, de l’Université d’Utrecht aux Pays-Bas, a calculé qu’environ 4 000 machines à neige pourraient non seulement aider le glacier de Morteratsch à ne pas s’éteindre progressivement, mais aussi à grandir dans les décennies à venir.
Si la glace qui recouvre le glacier est maintenant exposée à la lumière du soleil, l’idée est qu’une neige épaisse et artificielle pourrait suffisamment refléter la lumière, afin qu’elle n’atteignent jamais les couches de glace vulnérables qu’il y a en dessous.
Jusqu’à 800 mètres de hauteur supplémentaire dans les 20 ans à venir
Oerlemans a présenté son plan lors de la récente réunion annuelle de l’Union Européenne des Géosciences à Vienne, en Autriche. » En regardant les travaux précédents montrant que la neige naturelle peut aider les glaciers à grandir, il a conclu que le glacier pourrait retrouver jusqu’à 800 mètres de hauteur dans les 20 ans avec une couche de neige artificielle « , rapporte Andy Coghlan pour New Scientist. » Seulement quelques centimètres de neige artificielle sur un plateau de 0,5 kilomètre carré sur le glacier chaque été pourrait suffire à protéger la glace en dessous « .
Si ce projet n’est pas aussi colossal que celui imaginé pour l’Arctique, il nécessitera tout de même un énorme financement, pour lequel Oerlemans et son équipe sont confiants. Au cours de la dernière décennie, le glacier Diavolezzafirn s’est vu revêtir de la neige artificielle pendant les mois d’hiver afin d’améliorer la saison des skieurs. Les habitants de la région ont constaté que cette couche de neige supplémentaire a contribué à faire croître le petit glacier jusqu’à 8 mètres au cours des 10 dernières années, et ils ont effectivement recueilli les 100 000 dollars nécessaires pour lancer l’essai cet été.
Si la phase de test au pied du glacier de Diavolezzafirn pendant les mois d’été est réussie, l’équipe aura besoin de plusieurs millions d’euros pour lancer le plan de sauvetage de Morteratsch.
Si le résultat est concluant, on pourrait étaler ce projet à grande échelle. La situation de l’Arctique étant alarmante, il est impératif de penser « grand » pour préserver ce que nous avons de plus précieux.
Par Tom Savigny, le
Source: Science Alert
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