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Une mystérieuse anomalie radioactive détectée dans les profondeurs de l’océan Pacifique

Le fond des océans renferme encore bien des mystères

Ocean Pacifique
Image d’illustration — © Tony Webster / Wikimedia Commons

Des scientifiques ont récemment mis en évidence une anomalie radioactive inhabituelle au fond de l’océan Pacifique. En analysant des couches de croûte marine, une équipe dirigée par Dominik Koll, physicien au Helmholtz-Zentrum Dresden-Rossendorf, a identifié une concentration inhabituelle de béryllium-10, un isotope radioactif. Cette augmentation soudaine remonte à une période comprise entre 9 et 12 millions d’années et a été détectée dans plusieurs régions du centre et du nord du Pacifique. Les chercheurs estiment cependant que ce phénomène pourrait s’étendre à l’ensemble du bassin océanique, voire être d’ampleur mondiale.

Les hypothèses sur l’origine de cette anomalie

L’origine de cette hausse soudaine du béryllium-10 reste incertaine, mais plusieurs théories ont été avancées. Cet isotope se forme naturellement lorsque les rayons cosmiques interagissent avec l’atmosphère terrestre. Il se dépose ensuite lentement au fond des océans, intégrant la croissance progressive des croûtes riches en métaux. 

Une hypothèse avancée par les chercheurs suggère qu’un bouleversement majeur des courants océaniques, il y a plus de 9 millions d’années, aurait favorisé un dépôt plus important de cet isotope dans le Pacifique.

D’autres explications pourraient impliquer des événements cosmiques. Une explosion de supernova proche de la Terre ou la traversée de notre Système solaire à travers un nuage interstellaire dense auraient pu intensifier l’exposition de notre planète aux rayons cosmiques, augmentant ainsi les niveaux de béryllium-10 dans l’environnement océanique. L’étude complète a été publiée dans Nature Communications.

Une méthode inédite pour analyser l’histoire de la Terre

Les croûtes de ferromanganèse présentes sur les fonds marins enregistrent des millions d’années d’histoire géologique à travers leur composition chimique. Elles capturent des isotopes radioactifs sur de longues périodes, ce qui permet aux scientifiques d’étudier l’évolution des océans et de la planète. Grâce à la désintégration radioactive du béryllium-10 en bore, les scientifiques peuvent dater ces croûtes et déterminer l’âge des dépôts. Là où d’autres méthodes, comme la datation au carbone ou celle basée sur l’uranium, sont limitées, le béryllium-10 permet de remonter à plus de 10 millions d’années.

Le béryllium-10, avec une demi-vie d’environ 1,4 million d’années, s’avère être un outil précieux pour remonter dans le temps jusqu’à une dizaine de millions d’années. En analysant des échantillons de croûtes dans le Pacifique, Koll et son équipe ont été surpris de constater une concentration de béryllium-10 presque deux fois supérieure à celle attendue. 

Les chercheurs ont examiné une couche de 50 millimètres de croûte de ferromanganèse et ont pu dater leurs échantillons de 18 millions d’années. Le taux de croissance de ces croûtes dans le Pacifique étant estimé à 1,52 millimètre par million d’années, l’anomalie observée correspondrait à une période comprise entre 10,5 et 11,8 millions d’années.

Un marqueur temporel pour les archives marines

Cette découverte représente un jalon majeur pour la chronologie géologique. L’anomalie détectée pourrait servir de repère temporel indépendant dans l’étude des archives marines. Les scientifiques ont confirmé cette hausse anormale du béryllium-10 en plusieurs endroits du Pacifique, ce qui renforce l’idée qu’il s’agit d’un phénomène significatif.

Toutefois, son origine demeure un mystère. Les chercheurs excluent que l’activité du Soleil ait été suffisamment intense à cette époque pour expliquer une telle accumulation de cet isotope. Ils suggèrent plutôt une modification de la protection naturelle de la Terre contre les rayons cosmiques, ou bien l’impact d’un événement astrophysique exceptionnel, comme une supernova particulièrement proche.

Pour lever le voile sur cette énigme, l’équipe de Koll prévoit d’approfondir ses recherches en étudiant de nouveaux échantillons de croûtes océaniques. Ils encouragent également d’autres groupes scientifiques à analyser des archives marines issues de divers océans pour vérifier si cette anomalie est un phénomène localisé ou si elle marque un événement global. Par ailleurs, ce lac est le seul au monde à se jeter à la fois dans l’océan Atlantique et dans l’océan Pacifique.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Science Alert

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