Des scientifiques ont réalisé une étude clinique de petite envergure en Californie. Pendant un an, neuf volontaires en bonne santé ont pris quotidiennement trois médicaments courants : de l’hormone de croissance et deux médicaments antidiabétiques. Le résultat fut que leur système immunitaire a montré des signes de rajeunissement.
Il s’agit de la première étude qui suggère que l’horloge épigénétique du corps, qui détermine l’âge biologique d’une personne, peut être inversée.
L’essai TRIIM (Regeneration, Immunorestoration and Insulin Mitigation Attenuation) a été effectué sur 9 participants, des hommes blancs âgés de 51 à 65 ans. Il a été dirigé par l’immunologue Gregory Faby, cofondateur et directeur scientifique d’Intervene Immune à Los Angeles. L’étude a également reçu l’aval de la Food and Drug Administration en mai 2015 et elle a été effectuée quelques mois plus tard au Stanford Medical Center de Palo Alto, en Californie.
Les résultats de l’étude ont été publiés le jeudi 5 septembre 2019 dans Aging Cell1 et ont démontré que la combinaison des trois médicaments – l’hormone de croissance, la déhydroépiandrostérone (DHEA) et la metformine – et leur prise quotidienne pendant 1 an ont entraîné le rajeunissement de l’âge biologique des participants, mesuré en analysant les marques de leur génome. Ils ont effectivement perdu 2,5 ans de leur âge biologique et leur système immunitaire a également rajeuni.
Les chercheurs en furent bluffés
« Je m’attendais à un ralentissement de l’horloge mais pas à un renversement », commente Steve Horvath, généticien à l’université de Californie à Los Angeles qui a effectué l’analyse épigénétique. L’horloge épigénétique repose sur l’épigénome de l’organisme, qui comprend des modifications chimiques telles que les groupes méthyle, qui étiquettent l’ADN. La structure de ces étiquettes change en suivant l’âge biologique d’une personne.
Au cours de ces dernières années, Horvath, pionnier de la recherche en épigénétique et en horloge biologique, a effectué des recherches précises dans ces domaines. Dans un essai, les chercheurs ont voulu savoir si l’hormone de croissance pouvait être utilisée sans danger chez l’homme afin de restaurer les tissus dans le thymus. Il s’agit de la glande située dans la poitrine, entre les poumons et le sternum, et qui est indispensable au bon fonctionnement de notre système immunitaire.
Les globules blancs, en particulier, sont produits dans la moelle osseuse puis deviennent fonctionnels dans le thymus où ils deviennent des cellules T luttant contre les infections et les cancers. Toutefois, après la puberté, cette glande se rétrécit et devient de plus en plus obstruée par de la graisse.
Des résultats prometteurs mais une étude insuffisante
Justement, l’hormone de croissance semblait stimuler la régénération du thymus chez l’animal et l’être humain. Néanmoins, l’hormone de croissance ne peut être prise seule puisqu’elle augmente les risques de diabète, d’où la nécessité de l’accoupler à un médicament antidiabétique. Gregory Fahy lui-même, à 46 ans, a pris de l’hormone de croissance et de la DHEA pendant un mois et a retrouvé une certaine régénération de son thymus.
Dans l’essai clinique, les participants ont pris l’hormone de croissance avec deux antidiabétiques, la DHEA et la metformine. Au cours de la période d’un an de traitement, les chercheurs ont prélevé des échantillons de sang des participants et ont découvert que la numération globulaire avait rajeuni chez chacun des participants. Les scientifiques leur ont également fait faire une imagerie par résonance magnétique (IRM) pour comparer l’état du thymus avant et après l’étude. Ils ont constaté que chez sept participants, les graisses accumulées ont fait place à du thymus régénéré. Six mois après l’étude, six participants ont de nouveau fourni un échantillon de sang qui a révélé que les effets ont continué à persister même après l’arrêt du traitement.
Si les chercheurs sont optimistes sur les résultats de cette étude et leur répercussion dans le domaine médical, ils déclarent également que ce ne sont encore que des résultats préliminaires et que ces résultats n’ont été observés que dans le cadre d’une petite étude. D’autres études de plus grande envergure et chez des personnes de diverses ethnies devraient ainsi se tenir pour confirmer ces observations.
Par Andy Rakotondrabe, le
Source: Nature
Étiquettes: étude, vieillissement, corps, age, jeunesse
Catégories: Actualités, Santé
Peut on connaitre les doses utilisées?
Il y a surement un effet dose
Merci