Une mission hors du commun pourrait tout changer pour la conquête de Mars et la médecine du futur. En envoyant des dizaines d’espèces vivantes en orbite pendant un mois, la Russie a recréé une mini-planète flottante, un laboratoire biologique complet.

Cette capsule, une arche de Noé moderne, montre comment la vie s’adapte aux environnements extrêmes. Les données récoltées ouvrent des pistes pour les futures bases lunaires et martiennes, mais aussi pour nos hôpitaux sur Terre.
Bion-M2 : la capsule russe qui teste la survie du vivant pour les futures missions vers Mars
Tout d’abord, la capsule Bion-M n°2 est revenue le 19 septembre 2025 après 30 jours en orbite. Elle contenait souris, mouches, graines, algues et cellules humaines. L’objectif : comprendre comment le vivant résiste à la microgravité et aux radiations cosmiques. Ces données sont indispensables pour assurer la survie d’un équipage en route vers Mars.

Ensuite, il faut rappeler que la Russie avait déjà tenté l’expérience en 2013 avec Bion-M1. Le taux de mortalité avait été élevé. Cette fois, les équipes ont renforcé les protocoles : vidéosurveillance, alimentation automatisée, ventilation contrôlée. Grâce à ces outils, elles ont mieux suivi la santé et le comportement des organismes.
Comment 75 souris et 1 500 mouches aident à protéger les astronautes de la fonte musculaire et des radiations
À bord, 75 souris ont servi de modèles. Elles ont montré l’impact de l’apesanteur et des radiations sur le cœur, les os, les muscles, le système immunitaire et la reproduction.
En effet, les astronautes subissent les mêmes effets lors de longs séjours. Ces résultats aideront donc à trouver des solutions contre la fonte musculaire et la fragilisation osseuse.
De plus, les 1 500 drosophiles ont permis d’analyser rapidement les mutations génétiques et la fertilité. En parallèle, les plantes, algues et graines ont servi à tester la viabilité de cultures en orbite. C’est une étape clé pour garantir l’autonomie alimentaire.
Enfin, les cellules souches humaines et animales ont été étudiées pour vérifier leur capacité à se différencier. C’est une avancée essentielle pour préparer une médecine régénérative dans l’espace.
Construire sur Mars et la Lune : des roches testées pour devenir les briques des colonies spatiales

Par ailleurs, les chercheurs ont étudié des roches lunaires simulées exposées au vide et aux radiations. Objectif : tester leur résistance et savoir si les ressources locales pourront servir à l’ISRU (In-Situ Resource Utilization).
Construire des habitats à partir des matériaux présents sur la Lune ou Mars réduira la dépendance aux ressources terrestres.
En outre, certaines cultures cellulaires ont été fixées sur ces roches pour tester une croissance biologique sur sol extraterrestre. On peut ainsi imaginer des serres ou systèmes de production installés directement sur le régolithe lunaire ou martien.
Autre expérience marquante : « Météorite ». Des bactéries insérées dans des roches basaltiques ont traversé la rentrée atmosphérique. Grâce à cette étude, les chercheurs testent la théorie de la panspermie. Si elles survivent, cela renforce l’idée que l’origine de la vie pourrait être cosmique.
Des expériences spatiales qui accélèrent la recherche médicale… mais posent la question du bien-être animal
Enfin, les résultats de Bion-M2 peuvent transformer la médecine terrestre. Comprendre les effets de la microgravité et des radiations aide à traiter des maladies liées au vieillissement, à l’inflammation chronique ou aux dégénérescences musculaires.
Ces expériences spatiales deviennent ainsi des modèles accélérés du vieillissement et ouvrent de nouvelles pistes biomédicales.
Cependant, une question reste : jusqu’où aller dans l’expérimentation animale ? En 2013, de nombreuses souris de Bion-M1 n’avaient pas survécu. Les chercheurs disent avoir amélioré le bien-être animal cette fois. Pourtant, aucun bilan officiel n’a été publié. Le débat continue : faut-il sacrifier des animaux pour préparer l’exploration spatiale ?
Par Eric Rafidiarimanana, le