Pourquoi les ados refusent de mettre un manteau en hiver (et la science dit qu’ils n’ont pas totalement tort)

Il fait -2°C, le vent glace tout ce qu’il touche, les passants s’emmitouflent sous des couches interminables. Et au milieu de ce décor hivernal, un adolescent traverse la rue en simple sweat, capuche relevée, les mains dans les poches, totalement indifférent au froid. Pour les parents, c’est une scène incompréhensible. Pour les ados, c’est la normalité. Et ce comportement, qui fait sourire ou s’arracher les cheveux, a pourtant plusieurs explications très sérieuses.

Ils ont vraiment moins froid que nous (oui, physiologiquement)

Dans un premier temps, il faut comprendre que les adolescents ressentent réellement moins le froid. Leur métabolisme est plus rapide que celui des adultes, leur corps consomme plus d’énergie et produit davantage de chaleur. Leur température corporelle est aussi légèrement plus élevée. Concrètement, ils ont physiologiquement moins froid que nous. Ce n’est pas une posture ou une provocation : leur corps leur envoie des signaux différents.

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Les hormones modifient la perception du froid

À cela s’ajoute la dimension hormonale. L’adolescence est une période durant laquelle la thermorégulation est instable. Il arrive que les adolescents aient chaud sans raison, puis froid quelques minutes plus tard. Leur système nerveux et hormonal n’a pas encore trouvé son rythme définitif. Résultat : un tee-shirt par cinq degrés peut leur sembler parfaitement acceptable alors qu’un adulte frissonnerait au bout de trente secondes.

Le cortex préfrontal… ou l’art d’ignorer la logique

La neuroscience apporte aussi un éclairage fascinant. Le cortex préfrontal, zone du cerveau responsable de l’anticipation, de la prudence et de la logique, n’est pas totalement développé chez les adolescents. Il continue de mûrir jusqu’à environ vingt-cinq ans. Leur rapport au risque, au confort et aux conséquences est donc différent. Pour eux, la sensation immédiate – comme le fait de ne pas vouloir s’encombrer d’un manteau – prend le dessus sur la logique à long terme, comme éviter d’attraper froid.

La mode a plus de pouvoir que le climat

Mais au-delà de la biologie, il existe une raison culturelle majeure : la mode. Les adolescents sont extrêmement sensibles à l’apparence et aux codes du groupe. La streetwear culture, les tendances TikTok, les looks inspirés du hip-hop, du gaming ou des influenceurs créent un environnement où le manteau n’a pas toujours sa place. Il peut être perçu comme trop encombrant, trop adulte, pas assez stylé ou incompatible avec le reste de la tenue. Et dans une période de vie où l’appartenance au groupe est essentielle, personne ne veut être celui qui “fait vieux” en portant une grosse parka.

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Ado = sentiment d’invincibilité (spoiler : il est faux)

Cette pression sociale est puissante. Si les amis ne mettent pas de manteau, l’ado n’en mettra pas non plus. C’est une règle implicite mais très réelle. Le groupe dicte les comportements, même dans le choix des vêtements face au froid. D’un point de vue psychologique, c’est aussi une période où les adolescents expérimentent un sentiment d’invincibilité. Ils ont tendance à croire que “ça n’arrive qu’aux autres”, qu’ils ne tomberont pas malades et que le froid n’est pas un vrai danger pour eux.

Le refus du manteau : un acte d’indépendance déguisé

Il y a enfin une dimension identitaire. Refuser le manteau, c’est aussi refuser de faire “comme les parents”. C’est un petit acte d’indépendance, un moyen de montrer qu’ils font leurs propres choix. Un refus silencieux, mais évident, de se conformer aux règles de l’enfance. Porter un manteau, c’est céder à la logique des adultes. Ne pas en porter, c’est affirmer son autonomie.

En réalité, personne ne peut gagner ce débat

En réalité, ce débat est impossible à gagner. Les adolescents sortent depuis des générations sans manteau, malgré les regards horrifiés des adultes. Ils continueront de le faire tant que la mode, la biologie et la psychologie joueront dans le même sens. Et dans la grande majorité des cas, ils finissent par remettre un manteau… quelques années plus tard, souvent après avoir payé eux-mêmes leurs premiers médicaments contre le rhume.

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