C’est une décision inédite qui pourrait avoir d’importantes répercussions dans les années à venir. La justice britannique a officiellement reconnu que la pollution atmosphérique avait contribué à la mort d’une écolière londonienne.
Un combat juridique de sept ans
Après deux semaines d’enquête, le tribunal de Southwark, dans le sud de Londres, a déclaré que la mort d’Ella Kissi-Debrah était due à une insuffisance respiratoire aiguë, un asthme sévère et l’exposition à la pollution atmosphérique. Âgée de neuf ans, celle-ci était morte le 15 février 2013, après des années de crises répétées et une trentaine d’hospitalisations liées à cette maladie. « Ma conclusion est que la pollution de l’air [liée au trafic routier] a constitué une contribution matérielle dans la mort d’Ella », a déclaré le médecin légiste adjoint Philip Barlow.
La famille d’Ella avait insisté pour qu’une deuxième enquête soit menée, arguant qu’une première audience en 2014 n’avait pas pris en compte la pollution de l’air comme cause possible de son décès, et que différentes preuves permettaient de relier les visites de l’écolière à l’hôpital et les niveaux de pollution élevés près de son domicile de Lewisham, situé à proximité immédiate du South Circular, une voie très empruntée du Sud londonien.
« Aujourd’hui est une date historique. Un combat de 7 années a abouti à la reconnaissance de la pollution de l’air sur le certificat de décès d’Ella. Nous espérons que cela permettra de sauver la vie de beaucoup d’autres enfants », a estimé Rosamund Kissi-Debrah, la mère d’Ella. « C’est une décision majeure qui révèle les effets dévastateurs de la pollution de l’air et la nécessité urgente de rendre l’air que nous respirons plus pur », a de son côté déclaré Larissa Lockwood, dirigeant la campagne « Air pur » du Plan d’action mondial.
Les lourdes conséquences sanitaires de la pollution atmosphérique
On estime que la pollution atmosphérique est à l’origine d’environ sept millions de décès prématurés par an dans le monde, dont 600 000 enfants. Une exposition prolongée aux polluants peut provoquer diabète, maladies pulmonaires et cancer, tandis que plusieurs recherches ont récemment lié ce type de pollution à des taux de mortalité plus élevés chez les patients atteints de Covid-19. En 2016, une étude réalisée par le Collège royal des médecins et le Collège royal de pédiatrie et de santé infantile avait déterminé qu’environ 40 000 décès en Grande-Bretagne était liés à la pollution de l’air.
La législation de l’Union européenne (UE) prévoit que le niveau de concentration moyen annuel de dioxyde d’azote ne puisse dépasser 40 microgrammes par mètre cube d’air (ug/m3). Un objectif que la Grande-Bretagne n’a pas atteint depuis une décennie et ne devrait pas être en mesure de réaliser avant 2025, en dépit de la mise en place de nombreuses zones de faible émission sur son territoire.
Selon les militants et les experts juridiques, il est cependant probable que le verdict historique rendu par le tribunal londonien pousse le gouvernement britannique, qui vise la neutralité carbone d’ici 2050, à durcir le ton en matière de pollution atmosphérique.
Par Yann Contegat, le
Source: The Straits Times
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Déja en 1970,on parlait du fog de London!