L’activité humaine peut causer des dommages sur la faune et la flore. Une récente étude menée par des chercheurs australiens a ainsi montré que la pollution lumineuse, aux abords des récifs coralliens, peut menacer et être un danger pour l’éclosion des poissons-clowns.
L’activité humaine à l’origine de cette pollution lumineuse
Popularisé par Le Monde de Nemo, les Amphiprioninae, ou les poissons-clowns, sont reconnaissables par leur livrée orange et leurs bandes blanches bordées d’un trait noir. Le poisson clown commun, nommé Amphiprion ocellaris vivant près des récifs coralliens, fait face à une nouvelle menace : la lumière artificielle due notamment à l’activité humaine.
Une étude menée par des chercheurs de l’université Flinders, en Australie, s’est intéressée à l’éclairage artificiel de plus en plus présent sur le littoral bordant les récifs de corail, comme le rapporte l’AFP.
Mais d’où vient cette lumière artificielle ? Cela est en fait dû aux constructions le long des côtes ainsi qu’au développement des ports et des docks, comme l’expliquent les chercheurs de l’université Flinders. Il y a également la présence de navires de croisière et les hôtels flottants, à la surface des eaux marines, très prisés par les touristes, qui causent cette pollution lumineuse, comme l’expliquent les auteurs.
Les lumières artificielles, un fléau pour l’éclosion des poissons-clowns
Dans cette étude publiée dans Biology Letters The Royal Society, les scientifiques expliquent leur démarche pour connaître en laboratoire l’impact de cette lumière artificielle de nuit sur la reproduction de l’espèce de poissons-clowns. Ils ont ainsi étudié dix couples de poissons reproducteurs, 5 étant des reproducteurs témoins qui étaient exposés à une luminosité classique, avec alternance de jour et de nuit. Les 5 autres couples étaient dans une situation similaire à l’éclairage de la surface des eaux pendant la nuit. Ils étaient ainsi éclairés en hauteur pendant la nuit avec une lumière LED d’intensité modérée.
Les premières étapes de la reproduction se sont déroulées normalement. « Il n’y a pas eu de différences significatives sur la fréquence du frai entre le groupe témoin et le groupe soumis à la lumière artificielle nocturne », fait savoir l’étude. Les femelles ont ainsi pondu leurs oeufs, qui ensuite ont été fécondés par les mâles. Pendant la période embryonnaire, le couple de poissons-clowns s’est occupé des oeufs. L’éclosion doit normalement avoir lieu le soir du huitième jour. Là, les résultats sont significativement différents. En effet, pour les oeufs qui avaient été soumis à la lumière artificielle la nuit, “le taux d’éclosion a été de 0 %”, expliquent les chercheurs, il n’y a donc eu aucune progéniture.
Cela révèle donc que la pollution lumineuse a un réel impact sur la reproduction des poissons-clowns. “J’ai été surprise d’obtenir des résultats aussi nets », déclare à l’AFP Emily Fobert, chercheuse associée en biodiversité et conservation à l’université Flinders et coauteure de l’étude, toujours à l’AFP. « Notre étude montre clairement que la pollution lumineuse a le potentiel d’interférer avec le succès reproducteur des poissons-clowns”. Cependant, les chercheurs n’ont pas étudié les mécanismes précis et exacts qui ont conduit à cette non-éclosion des poissons-clowns en présence de lumière artificielle la nuit. La chercheuse a néanmoins une théorie : « Mais nous pensons que ces œufs n’ont jamais expérimenté l’obscurité, qui pourrait être un repère nécessaire pour déclencher l’éclosion. » Les chercheurs sont donc persuadés que l’obscurité totale serait nécessaire pour l’éclosion de ces œufs.
« 22 % des régions côtières expérimentent, à différents degrés, de l’éclairage artificiel »
Il est également difficile pour les chercheurs de comprendre comment ces LED sont susceptibles d’affecter le bon fonctionnement des populations de poissons-clowns sur le terrain. L’AFP rappelle que contrairement à ce qu’on peut voir dans Le Monde de Nemo, le film des studios Pixar produit par Disney, “les bébés poissons-clowns ne restent pas dans l’anémone (urticante) dans laquelle ils sont nés”, et qui leur apporte une protection face aux prédateurs, explique Emily Fobert. « Ils peuvent trouver une nouvelle maison à des dizaines voire des centaines de kilomètres de leurs parents. »
Elle constate ainsi : “Cela veut dire que même dans une zone frappée d’une forte pollution lumineuse, empêchant l’éclosion, la population locale pourrait être renforcée par des larves arrivant d’autres récifs coralliens. » L’AFP rappelle ainsi que la pollution due à ces lumières artificielles touche 23 % de la superficie terrestre (hors pôles), selon une étude de 2016. De plus, 22 % des régions côtières expérimentent à différents degrés, de l’éclairage artificiel, selon une autre étude parue en 2014.
Par Frida Hussain, le
Source: L'Obs
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Catégories: Écologie, Actualités