Les chercheurs de l’université de Duke, aux Etats-Unis, ont isolé la protéine permettant au poisson zèbre de régénérer sa moelle épinière. L’homme possède une protéine identique à 81 %. Serait-il possible d’acquérir la formidable aptitude du poisson zèbre ?
Une blessure touchant la moelle épinière chez l’homme laisse la victime handicapée à vie, privée de certaines de ses capacités motrices. Le poisson zèbre (danio rerio), lui, est tout à fait capable de la régénérer en l’espace de quelques semaines et de frétiller à nouveau gaiement. Selon les chercheurs de l’université de Duke aux Etats-Unis, ce prodige serait dû à une protéine précise : le CTGF (Connective Tissue Growth Factor), transcrit à partir du gène CTGF A. Il doit son existence aux cellules entourant les neurones du système nerveux (cellules gliales), et il est à l’origine des capacités d’adhésion, de migration, de différenciation et de multiplication des cellules.
Lorsque la moelle épinière du poisson zèbre est abîmée, le nombre de CTGF y augmente considérablement. Les cellules gliales s’allongent alors jusqu’à former un « pont », autour desquels les neurones, et notamment les axones, vont pouvoir reprendre leur croissance, jusqu’à ce que la communication nerveuse brisée par la lésion entre les cellules puisse reprendre. Le poisson zèbre retrouve alors toute sa liberté de mouvement.
L’homme et les mammifères possèdent également cette protéine CTGF, identique à celle du poisson zèbre à 81 %. Mais sa réaction face à un traumatisme n’est pas du tout la même. Les cellules gliales ne forment pas un pont, mais une barrière de chaque côté de la lésion, rendant impossible tout rétablissement de la communication entre les neurones : c’est la « cicatrice gliale ».
Cependant, l’étude de la régénération de la moelle épinière chez le poisson zèbre, publiée le 4 novembre 2016 dans la revue Sciences, indique que lorsqu’une protéine humaine est injectée chez le danio rerio, le poisson est tout autant capable de recouvrer ses capacités motrices. Les chercheurs pensent également que les cellules gliales humaines répondant au CTGF devraient produire les mêmes effets de guérison que le poisson zèbre. La piste est à creuser.
Par Séranne Piazzi, le
Source: Science et Avenir
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