Les plantes ne peuvent pas se déplacer mais elles ne sont pas inactives pour autant. Elles ont élaboré des stratégies qui leur permettent de tirer le meilleur parti de leur environnement. Aujourd’hui, DGS vous fait découvrir un petit cactus qui a la capacité de protéger sa progéniture.
Un célèbre mécanisme de survie élaboré par certaines plantes est la succulence, cette particularité des cactus qui leur permet de stocker de l’eau et de l’utiliser comme une réserve. Il y a également des plantes qui produisent des graines dont la forme leur permet d’être facilement dispersées par le vent, elles peuvent donc voyager extrêmement loin.
Ce qui est moins connu est le fait que les plantes peuvent également prendre soin de leurs «enfants», ou semence. Il est vrai que les plantes n’ont pas de système nerveux et qu’elles n’ont donc pas de «volonté» pour protéger leurs descendants. Mais en fait, elles ont des mécanismes de protection de leur progéniture.
Un de ces mécanismes est celui adopté par le petit cactus (de moins de 3 cm de diamètre) appelé Mammillaria hernandezii. Il vit dans une zone semi-aride du Mexique où la pluie tombe par intermittence. Les plantes qui habitent cette zone passent donc par des cycles d’hydratation et de déshydratation.
La caractéristique spéciale de M. hernandezii est qu’il est sérotineux, cela signifie qu’il peut garder une partie de ses graines à l’intérieur de sa tige et libérer le reste. Être sérotineux présente de nombreux avantages : protéger sa progéniture des chasseurs de semence comme les fourmis ou encore libérer les graines à retardement quand les conditions de l’environnement seront optimales pour la germination.
Au cours d’une étude, les graines conservées à l’intérieur de la plante mère pendant un an et les semences libérées dès leur production ont été comparées. Il a été constaté que les semences anciennes, gardées à l’intérieur de la plante parentale, germent et survivent beaucoup mieux que les jeunes graines, libérées immédiatement après leur production. De plus, les graines protégées possèdent aussi des protéines spéciales, qui indiquent que ces graines ont connu la pluie et des périodes de sécheresse. Cette capacité d’adaptation n’était pas présente chez les jeunes graines qui n’avaient pas eu le temps de vivre ces changements environnementaux.
Il a également été constaté que les jeunes graines qui sont libérées dans le sol étaient évidemment bien plus susceptibles d’être mangées par des prédateurs ou dégradées par des micro-organismes que les semences plus âgées qui avaient été protégées à l’intérieur de la plante parentale. Enfin, il fallait déterminer si la libération des semences était bien déclenchée par la présence d’eau. Et il semble que, en présence de suffisamment d’eau, des graines âgées gardées à l’intérieur de l’usine parentale sont en effet relâchées dans le sol pour la germination.
En bref, à l’intérieur de la plante mère, les graines subissent le stress de leur environnement, y compris les impulsions de la pluie et de l’absence de celle-ci. Mais en apprenant de cette expérience, tout en étant protégées par la plante parentale, les graines sont mieux préparées pour faire face à l’imprévisibilité de leur habitat. Les graines produisent à l’avance des protéines particulières qui les rendront plus fortes lors de la germination.
On peut encore citer un autre mécanisme qu’utilisent certaines plantes pour donner à leur progéniture une longueur d’avance : le partage des racines. Cette méthode assure au semis un bon début, il utilise les racines de la plante parentale jusqu’à ce qu’il puisse être suffisamment indépendant pour survivre avec ses propres racines.
Beaucoup d’autres plantes ont évolué en fonction de conservation des semences (ou sérotinisme). Prenons l’exemple des conifères sérotineux trouvés dans les zones où les incendies de forêt sont fréquents. Dans leur cas, le signal attendu pour libérer les graines de la plante mère n’est pas l’eau mais le feu. Le point commun avec le petit cactus est le fait que la plante parentale va s’occuper de ses graines et les protéger afin de leur assurer un avenir meilleur.
C’est incroyable de voir comment les plantes, elles aussi, savent prendre soin de leur progéniture. Au bureau, on a apprécié découvrir comment ce très joli petit cactus parvient à protéger ses graines de la sécheresse. Auriez-vous imaginé que la responsabilité parentale existait aussi chez les végétaux ?
Par William Arsac, le
Source: Iflscience