De récentes recherches ont montré qu’une petite plante africaine se contentant généralement d’un régime végétal typique pouvait s’adapter à des carences et devenir carnivore, se nourrissant des petits insectes victimes de son piège collant.
Triphyophyllum peltatum
Originaire d’Afrique de l’Ouest, T. peltatum est depuis longtemps connue pour ses vertus médicinales, et plus particulièrement sa capacité à produire de l’acide bétulinique. Une puissante substance s’étant révélée capable de lutter contre un certain nombre de maladies chroniques et même de cancers via l’inhibition de facteurs de signalisation liés.
Il s’agit d’une plante extrêmement flexible, capable d’adapter son développement à son environnement. T. peltatum produit des feuilles ordinaires au début de sa croissance, mais celles-ci peuvent par la suite se transformer en pièges adhésifs, avant de retrouver leur forme originale ou de développer des crochets lui permettant de grimper sur des objets ou d’autres végétaux. Cependant, jusqu’à récemment, on ignorait précisément pourquoi de tels attributs n’apparaissaient pas systématiquement.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue New Phytologist, Traud Winkelmann et ses collègues se sont rendus dans les serres du jardin botanique de Würzburg et ont donné à la plante les conditions idéales pour prospérer, y compris un milieu nutritif parfait. Cette dernière ayant bien poussé, il était temps pour l’équipe de lui rendre la vie un peu plus difficile.
Des feuilles carnivores apparaissant en cas de carence en phosphore
Lorsque les chercheurs ont exposé T. peltatum à différents facteurs de stress, y compris des carences en divers nutriments, ils n’ont observé la formation de pièges que dans un seul cas : un apport insuffisant en phosphore.
Il s’est avéré que la plante usait de moyens plus « vils » pour obtenir ce nutriment essentiel, en produisant des feuilles collantes pour piéger de petits insectes qu’elle digérait ensuite à l’aide des enzymes qu’elles secrétaient. Selon l’équipe, les sols de son habitat d’origine peuvent s’avérer très pauvres en certains nutriments, ce qui a conduit la plante à développer cette incroyable adaptation.
Si une telle découverte contribue à éclairer les origines du carnivorisme chez les plantes, Winkelmann estime qu’elle contribuera également à faire avancer la recherche sur l’expression génétique de Triphyophyllum peltatum.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
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