Bien avant de connaître un succès commercial et critique retentissant grâce à ses films (Toy Story, Monstres & Cie, Les Indestructibles…) et d’être racheté par Disney, le studio Pixar a connu des débuts particulièrement difficiles. Échecs commerciaux, problèmes financiers, licenciements massifs, rien ne lui a été épargné. Retour sur les origines méconnues de ce monument de l’animation 3D.
UNE HISTOIRE RICHE EN REBONDISSEMENTS
Lorsqu’il obtient son diplôme à l’Université de l’Utah, l’informaticien Ed Catmull est déjà considéré comme un pionnier dans son domaine. Au début des années 1970, il a mis au point le « mappage de textures », un procédé informatique permettant d’appliquer des textures détaillées sur un modèle 3D, ce qui lui a permis de créer en 1972 ce que beaucoup considèrent comme le premier film d’animation de l’histoire, mettant en scène une main animée par ordinateur.
Entrepreneur fortuné dirigeant le New York Institute of Technology, Alexander Schure est persuadé que l’animation par ordinateur représente l’avenir de la narration cinématographique et, fasciné par les réalisations de Catmull, l’embauche pour qu’il dirige son laboratoire informatique et l’aide à produire des films d’animation.
En 1978, George Lucas, qui a connu un succès retentissant suite à la sortie de Star Wars : Un Nouvel Espoir l’année précédente, planche sur le scénario de l’Empire Contre Attaque et espère également faire de sa société LucasFilm un mastodonte de l’industrie cinématographique. Pour ce faire, il compte notamment sur le développement d’Industrial Light and Magic (ILM), sa division spécialisée dans la création d’effets spéciaux.
Fasciné par Star Wars et les travaux d’ILM, Catmull rejoint Lucasfilm en 1979. Après avoir recruté quelques-uns de ses anciens collègues au New York Institue of Technology, il fonde « The Graphics Group » au sein de la division informatique de la société californienne et se met immédiatement au travail.
Au cours des années suivantes, Catmull et son équipe développent différents procédés imaginés par Lucas (parmi lesquels on retrouve notamment un système de traitement d’images novateur et un système d’édition sonore au format numérique) et révolutionnent peu à peu les technologies visuelles employées par le cinéma.
Nous sommes maintenant en 1985, et « The Graphics Group », qui a pourtant développé différents effets graphiques pour des films hollywoodiens à succès comme Star Trek II : La Colère de Khan ou Le Secret de la Pyramide, continue de faire perdre de l’argent à Lucasfilm en raison du coût exorbitant des technologies que Catmull et son équipe emploient.
Sentant que son temps est compté au sein de Lucasfilm, Catmull se met en quête d’un nouvel investisseur qui offrira à sa compagnie la liberté qu’elle recherche. Impressionné par ses travaux, un certain Steve Jobs, ancien PDG d’Apple fraîchement licencié, s’offre « The Graphics Group » pour cinq millions de dollars en 1986, et fonde sur ses cendres une société indépendante qu’il baptise « Pixar ».
STEVE JOBS S’OFFRE « THE GRAPHICS GROUP » EN 1986 ET FONDE SUR SES CENDRES UNE SOCIÉTÉ INDÉPENDANTE QU’IL BAPTISE « PIXAR »
À l’origine, Pixar est une entreprise développant principalement du matériel informatique haut de gamme dont le produit principal se trouve être le Pixar Image Computer, un système informatique principalement utilisé par le secteur médical… et Disney, qui voit en l’infographie un moyen d’animation bien plus efficace que la laborieuse méthode du « ink and paint ».
Afin de mettre en avant les qualités du Pixar Image Computer, Jobs fait appel à l’équipe de John Lasseter (ancien de chez Disney et Lucasfilm) afin qu’elle développe plusieurs courts-métrages d’animation. Parmi eux figure un certain Luxo Jr. (que vous pouvez visionner un peu plus bas), qui met en avant des lampes de bureau et démontre tout le savoir-faire de Pixar en matière d’animation 3D.
Les ventes limitées du Pixar Image Computer menaçant de mettre la société en faillite, le département animation de Pixar, dirigé par Lasseter, se lance dans la production de publicités animées par ordinateurs pour diverses entreprises, comme Tropicana ou Listerine, tout en continuant à entretenir de solides relations avec le studio Walt Disney Feature Animation, dont l’entreprise mère deviendra plus tard son principal partenaire.
En 1990, la société Pixar enregistre une perte nette de 8 millions de dollars, ce qui l’oblige à se séparer de sa division de matériel informatique, se recentrer sur l’animation et se mettre en quête d’un partenaire financier d’envergure. Cette même année, elle quitte également les locaux qu’elle occupait jusqu’alors au sein du Skywalker Ranch, et installent ses propres bureaux à Richmond.
Après être passée tout près de la faillite et avoir subi une importante vague de licenciements, la société Pixar entre dans une nouvelle ère en mai 1991 en signant un contrat de 26 millions de dollars avec Disney, portant sur la réalisation et la livraison de trois longs métrages d’animation.
APRÈS AVOIR FRÔLÉ LA FAILLITE, PIXAR ENTRE DANS UNE NOUVELLE ÈRE EN SIGNANT AVEC DISNEY UN CONTRAT DE 26 MILLIONS PORTANT SUR LA RÉALISATION DE 3 FILMS D’ANIMATION EN 1991
Distribué par Disney, Toy Story est le premier d’entre eux et va recueillir plus de 350 millions de dollars de recettes brutes à travers le monde. Suite à cet important succès critique et commercial, Pixar signe le 24 février 1997 un accord avec la Walt Disney Company afin de coproduire cinq longs métrages d’animation (qui seront entièrement réalisés en 3D) durant les 10 prochaines années et devient ainsi l’un des principaux acteurs dans le domaine de la production de films en images de synthèse.
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