Héros d’histoires réelles ou fictives, les pirates font rêver beaucoup de personnes depuis toujours. Cependant, ils ont été victimes de nombreux a priori sur leur mode de vie. Pourtant, et malgré ce que l’on pense, les pirates étaient des personnes tolérantes prônant avant tout les qualités de chacun et possédant des valeurs très modernes pour l’époque. Loin des clichés répandus, voici 10 faits que vous ne soupçonniez pas sur les marins les plus redoutés des mers.
LES PIRATES AVAIENT LEUR PROPRE LANGAGE NAUTIQUE
S’ils étaient craints par les navigateurs, les pirates étaient avant tout des marins. Ils avaient donc un langage particulier truffé d’expressions mêlant jargon nautique mais aussi influences venues d’autres langues. D’ailleurs, certaines de leurs expressions sont encore utilisées aujourd’hui comme « Learn the ropes » (apprendre les cordes) qui signifie se familiariser avec la manière de réaliser une action. Un vocabulaire directement lié à un savoir-faire que devait connaître tout pirate : savoir utiliser le réseau de poulies et de cordes servant à déployer ou replier les voiles d’un navire.
L’HOMOSEXUALITÉ ÉTAIT ACCEPTÉE ET MÊME LE MARIAGE GAY
Parmi les clichés sur les pirates, celui disant que ces derniers étaient sexistes et qu’ils aimaient profiter des femmes est l’un des plus répandus. Pourtant, les pirates étaient bien plus ouverts d’esprit que ce à quoi on peut s’attendre et l’homosexualité était parfaitement acceptée. Il existait même le matelotage, un partenariat civil qui permettait à deux hommes de s’unir. Celui-ci permettait aux époux de partager leurs biens, de vivre ensemble, de nommer leur compagnon comme héritier et évidemment d’avoir des rapports sexuels. Les pirates ont donc inventé et autorisé bien avant nos sociétés modernes le mariage gay et ils permettaient également à ceux qui le souhaitaient d’être bisexuels.
ILS ÉTAIENT LES PREMIERS À ACCORDER LES MÊMES DROITS À CHACUN QUELLE QUE SOIT SA COULEUR DE PEAU
Alors que dans beaucoup de pays, les personnes noires étaient principalement vendues comme esclaves, les pirates ne jugeaient pas les membres de leur équipage en fonction de leur couleur de peau. Ne vivant pas sous la bannière des colons, les pirates prenaient de nouveaux hommes en fonction de leurs compétences : c’est ainsi que des hommes noirs libres ont eu l’occasion d’intégrer des équipages, mais cela n’empêchait pas certains capitaines de donner aux personnes de couleur les postes les plus ingrats. Il existe même un pirate noir qui s’est fait un nom dans le milieu : Black Caesar. A l’origine chef d’une tribu africaine, il a été capturé pour servir d’esclave. Il a cependant réussi à échapper à ce destin en quittant le bateau un soir de tempête. A la suite de cette évasion, il est devenu un pirate chevronné et a eu l’occasion de travailler avec un pirate légendaire : Barbe Noire.
LES PIRATES ÉTAIENT DES PARTISANS DE LA DÉMOCRATIE
Pour vous, les pirates sont des anarchistes ne croyant en aucune forme de règle, de loi ou d’autorité. Détrompez-vous : ils étaient des adeptes de la démocratie. Afin que la vie à bord ne devienne pas un enfer, surtout quand les équipages restaient des mois en mer, des votes étaient organisés au sein des équipages. Ce sont d’ailleurs les pirates eux-mêmes qui désignaient leur capitaine et son quartier-maître via un vote. De cette manière, l’élu était sûr d’être apprécié de ses hommes et de ne pas être victime d’une mutinerie. Toutefois, ce rôle ne lui donnait pas les pleins pouvoirs et même s’il contrait totalement certaines situations comme les batailles, c’est bien avec tous ses hommes qu’il décidait de ce qui se passait sur le navire.
LA PIRATERIE N’ÉTAIT PAS RÉSERVÉE AUX HOMMES
Tout comme l’homosexualité, les femmes pirates étaient parfaitement intégrées au quotidien des pirates. Elles pouvaient pratiquer cette activité sans crainte même si cela nécessitait pour certaines de franchir la barrière des genres et de faire leurs preuves. La plupart d’entre elles étaient d’abord obligées de se travestir afin d’intégrer plus facilement un équipage quitte à, par la suite, révéler leur identité. Malgré cette mise à l’épreuve, beaucoup de femmes ont combattu sur des navires pirates notamment Mary Lacy, une jeune femme qui s’est fait un nom en se déguisant en homme et en se faisant appeler William Chandler. Même si sa véritable identité fut dévoilée, on l’autorisa à continuer à exercer la piraterie en tant que femme, mais elle abandonna cette vie par la suite.
ILS ONT ÉTÉ DES PIONNIERS DE L’ASSURANCE DESTINÉE AUX TRAVAILLEURS ET DE L’ADAPTATION AU HANDICAP
Cela peut surprendre, mais les pirates avaient mis en place un système d’assurance pour les membres de leur équipage. Il n’était pas rare en effet de perdre une partie de son corps lors d’une bataille, et les pirates savaient bien qu’il était parfois impossible de la remplacer. Ils avaient donc leur propre régime d’indemnisation et en fonction de la gravité de la blessure, une certaine somme était remise au blessé. Ils étaient également tolérants et acceptaient volontiers des travailleurs handicapés à bord. D’ailleurs, perdre l’un de ses membres au combat ne changeait pas le statut du blessé à bord du navire. Valides et handicapés étaient donc sur un pied d’égalité et tous travaillaient main dans la main même si certains avaient un bandeau sur l’œil ou une jambe de bois.
LE FAMEUX CODE D’HONNEUR DES PIRATES EXISTAIT BEL ET BIEN
C’est l’un des éléments les plus emblématiques de la vie des pirates : le fameux code qu’ils respectaient. Très présent dans les œuvres fictives, ce code existait bien et correspondait à une sorte d’éthique que tous respectaient une fois en mer. Celui-ci précisait que les richesses devaient être partagées de manière égale entre tous les membres de l’équipage, que les décisions de groupe seraient décidées de manière démocratique et que les pirates devaient être loyaux et honnêtes envers leurs compagnons. Il incluait aussi le droit de pouvoir se venger de toute personne ou autorité qui dominait les autres en utilisant des moyens violents.
LEUR ALCOOLISME N’ÉTAIT PAS SEULEMENT LIÉ À LEUR SENS DE LA FÊTE
Qu’ils soient fans de rhum ou d’alcools plus secrets, les pirates étaient des accros à la bouteille. Ils entretiennent dans l’imaginaire collectif une réputation d’alcooliques, mais ce goût pour les boissons fortes était justifié. La pression sociale a poussé les pirates à boire de l’alcool car il servait de lien entre les pirates. Ne pas boire d’alcool en étant pirate était mal vu et la méfiance était de mise face aux sobres. Et l’alcool, surtout quand un équipage mettait la main sur une cargaison de rhum, ne servait pas seulement à s’enivrer. Il était utilisé pour soulager et guérir des maladies allant du scorbut à l’intoxication alimentaire. Cependant, l’alcool a causé du tort à beaucoup de pirates qui, après une surconsommation d’alcool et de jeux de hasard, finissaient comme mendiants dans des villes comme Port Royal en Jamaïque.
ÊTRE RECRUTÉ EN TANT QUE PIRATE ÉTAIT UN CHOIX ET NON UNE CONTRAINTE
Selon la légende, un équipage de pirates se composait principalement de criminels divers et variés. Mais la vérité est que n’importe qui pouvait choisir de suivre cette voie. La majorité des équipages étaient composés de volontaires à qui l’on avait vendu les charmes de la vie en mer et les richesses qu’ils pouvaient récupérer. C’était d’ailleurs un métier qui ne connaissait pas la crise car il y avait toujours des déserteurs ou des morts sur les bateaux : recruter de nouveaux hommes était donc fréquent. Il est même arrivé que le nombre de personnes souhaitant devenir pirates augmente de manière importante comme ce fut le cas en 1708 quand les Anglais autorisèrent les corsaires à garder tous les biens volés aux autres navires. Toutefois, quand ils manquaient d’hommes, ils n’hésitaient pas à utiliser la force pour en trouver.
DEVENIR PIRATE ÉTAIT SOUVENT LE MEILLEUR MOYEN DE SURVIVRE SUR LES OCÉANS
Par le passé, il existait 4 catégories de personnes qui travaillent en mer : les marchands, les équipages sur les navires de guerre, les corsaires et les pirates. Cependant, ce sont souvent les mauvaises conditions de vie et les sacrifices qui ont mené les trois premiers à devenir des pirates. Travailler légalement pouvait être vraiment difficile alors que la vie de pirate était bien plus lucrative, plus agréable et surtout plus respectueuse des droits de l’homme. C’est pour cela que beaucoup de soldats et de marchands ont quitté leurs postes initiaux pour devenir pirates. Seule exception à cette règle : les corsaires. Ils obtenaient des licences auprès des gouvernements pour attaquer et piller des navires, ce qui faisait d’eux des pirates en règle.
Loin des clichés qui leur sont associés, les pirates ont été en réalité des modèles en matière de droits des hommes. Ouverts d’esprit, soudés dans leur communauté et précurseurs dans bien des domaines, ils incarnent à la fois l’esprit de liberté, d’égalité et de fraternité pour tous. Si certains pouvaient avoir des comportements amoraux, les pirates sont dans l’ensemble des hommes comme les autres. Ils ont parcouru les mers en laissant une trace de leur passage bien plus surprenante que ce qu’on pouvait penser.
Une petite coquille s’est glissée dans votre article :
« Pour vous, les pirates sont des anarchistes ne croyant en aucune forme de règle, de loi ou d’autorité. Détrompez-vous : ils étaient des adeptes de la démocratie. »
Justement, ne vous détrompez pas ! Les pirates étaient bel et bien des anarchistes au sens premier du terme. J’en veux pour exemple le code de la piraterie, abordé plus loin dans votre article.
Les pirates étaient contre la kyriarchie (toute forme d’oppression), pour une égalité totale, la violence était un moyen et pas une finalité, le capitaine ou la capitainesse était déstituable à tout moment opportun (c’est-à-dire pas pendant une bataille, par exemple), et n’étaient en aucun cas opposés à la notion d’ordre.
Elisée Reclus disait : « L’anarchie est la plus haute expression de l’ordre. » Et je complèterais en citant Proudhon : « L’anarchie c’est l’ordre moins le pouvoir. »
L’anarchie – dont les partisans étaient autrefois appelés des « acrates » (absence d’autorité, de domination et de pouvoir) – est de fait contradictoire avec « démocratie », démos (peuple) + kratein (pouvoir, commander).
Bravo ! Rien a redire ! Enfin quelqu’un qui parle justement de l’Anarchie et de la démocratie. Un plaisir de vous avoir lu ! Continuez ainsi a transmettre votre lumiere sur les choses !
Merci de notifier ce qui essentiel ça m’a aussi interrogée de lire ce raccourci preuve que la volonté de rayer l’anarchie des systèmes pouvant le mieux fonctionner a laissé de trop nombreuses traces merci de cette correction