Des chercheurs ont mis au point une pilule qui agit comme un repas, les calories en moins. Celle-ci peut tromper l’organisme en lui faisant croire qu’il est sur le point d’avaler un copieux repas, dès lors celui-ci brûle la graisse. A terme, ce travail pourrait peut-être mener à une thérapie efficace pour lutter contre l’obésité. Découvrez le contenu de cette recherche étonnante.
Une nouvelle étude vient de mettre en évidence les bienfaits d’un produit chimique qui, entre autres, protégerait les individus de certains effets néfastes de l’obésité. Cette pilule a été testée sur des souris obèses qui, après ingestion du médicament, avaient des niveaux réduits de sucre ou de cholestérol dans le sang et avaient maigri par rapport au groupe témoin.
Le produit en question s’appelle la fexaramine, une substance synthétique qui a été administrée a ces souris durant cinq semaines. Les scientifiques américains qui ont collaboré avec des biologistes de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, ont découvert que cette pilule pouvait faire croire à l’organisme qu’il avait déjà ingéré un repas sans pour autant le faire, celui-ci entamant un processus normal de digestion et brûlant des calories.
En temps normal lorsque l’on avale un repas trop riche, l’organisme réagit : il brûle les graisses pour laisser de la place à la masse calorique qui arrive. Après cela, d’autres processus biologiques se mettent en place permettant la digestion, le transfert des nutriments dans le sang… A l’origine de ces nombreux phénomènes biologiques : la protéine FXR (Farnesoid X receptor) qui est un récepteur moléculaire présent dans les cellules. Normalement, les acides biliaires sécrétés dès l’arrivée du bol alimentaire se fixent aux récepteurs FXR présents dans l’intestin. C’est donc en quelque sorte les acides biliaires qui activent les protéines FXR, elles-mêmes responsables des phénomènes biologiques suivant la prise d’un repas.
La fexaramine est en fait capable de « mimer » ces acides biliaires. La pilule peut être ingérée indépendamment des repas. « Elle agit donc comme un repas imaginaire. » Cette molécule « envoie les mêmes signaux à l’organisme qu’un repas, les calories en moins. C’est comme un repas, mais sans le repas », explique Ronald Evans, un des auteurs de l’étude.
L’étude révèle des conséquences inédites pour un futur traitement contre l’obésité mais aussi sur d’autres plans. Tout d’abord les scientifiques ont noté que le poids des animaux testés avait particulièrement baissé. Ces souris pesaient environ 20 % de moins que les souris témoins. Les chercheurs ont d’ailleurs observé une perte de masse graisseuse significative. Ils ont constaté que la prise de pilule avait eu des conséquences sur les deux types de graisse présents chez la souris. En effet, il semble qu’une partie de la graisse blanche (qui stocke les lipides) a été transformée en graisse brune (qui brûle les lipides pour produire de la chaleur).
De plus, les souris testées présentaient des taux de sucre et de cholestérol dans le sang bien plus faibles que leurs consoeurs n’ayant pas reçu de fexaramine. Leur température corporelle avait quand à elle augmenté, ce qui prouve que leur métabolisme s’était accéléré. Les chercheurs ont aussi noté un regain d’intérêt des souris à se déplacer sans savoir si cela est dû à leur perte de poids ou à la pilule elle-même. Cette étude particulièrement intéressante insiste aussi sur les effets secondaires très faibles que présente ce médicament. Une fois ingérée, la fexaramine ne peut quasiment pas traverser la paroi intestinale et ne se retrouve donc pas dans le sang ou dans tout l’organisme. Ce qui limite les possibles effets secondaires néfastes.
Cependant, les chercheurs restent prudents quand à un quelconque avenir de cette pilule dans notre quotidien. « Les débuts sont prometteurs mais nous n’avons pour l’instant aucune idée de la tolérance d’un tel traitement chez l’être humain », conclut Alessia Perino, un des chercheurs ayant participé au projet.
Cette étude est prometteuse. A la rédaction, on espère que ces recherches aboutiront et contribueront à trouver des thérapies efficaces pour lutter contre l’obésité sans effets secondaires. D’ailleurs, cela nous rappelle la découverte d’une bactérie qui pourrait faire maigrir. Pensez-vous que l’arrivée de cette pilule sur le marché signera la fin des régimes traditionnels ?
Par Precila Rambhunjun, le
Source: popsci