Des chercheurs israëliens ont annoncé la découverte de la plus ancienne phrase écrite connue. Rédigée en cananéen, celle-ci a été gravée sur la face d’un peigne à poux en lettres de 1 à 3 millimètres de large.
L’alphabet cananéen
Si l’on estime que l’écriture est apparue en Mésopotamie et en Égypte il y a environ 5 200 ans, ses premiers systèmes étaient non-alphabétiques : des signes étaient généralement utilisés pour représenter les mots et les syllabes. Apparu plus tard, l’alphabet a impliqué la réutilisation de certains anciens hiéroglyphes égyptiens pour former des lettres familières, dont chacune représente une petite unité de parole appelée phonème.
En raison d’un manque de preuves archéologiques, la date précise de l’invention de l’alphabet demeure obscure. De nombreux chercheurs estiment que celui-ci serait apparu il y a 3 800 ans environ, mais plusieurs preuves suggèrent qu’il était déjà utilisé il y a plus de quatre millénaires. Les premiers textes se révélant courts et difficiles à déchiffrer, on ignore également à quelles fins celui-ci était initialement utilisé. Ce qui rend la découverte du peigne en ivoire d’autant plus précieuse.
L’objet, récemment décrit dans le Jerusalem Journal of Archaeology, avait été mis au jour en 2016 par Yosef Garfinkel et ses collègues sur le site archéologique de Tel Lachish, dans le sud d’Israël. Bien que l’artefact ait été extrait d’une couche sédimentaire vieille d’environ 2 700 ans, le style d’écriture utilisé indique qu’il est au moins un millénaire plus ancien.
Composée d’un ensemble de 17 lettres archaïques, dont deux très endommagées, la phrase a été rédigée dans une ancienne langue cananéenne parlée à Tel Lachish et signifie : « Que ceci éradique les poux des cheveux et de la barbe ». Selon Garfinkel, cette inscription s’avère environ 400 ans antérieure à celle jusqu’alors considérée comme la plus ancienne phrase écrite connue.
Une découverte précieuse
Christopher Rollston, de l’université George Washington, estime qu’il s’agit d’une découverte importante. « Les premières inscriptions alphabétiques connues sont généralement très brèves – une poignée de lettres seulement – et se résument à des noms de personne ou d’objets », explique-t-il. « Il existe quelques inscriptions plus longues datant de la même période que le peigne, mais les scientifiques ont eu du mal à les déchiffrer. »
Selon le chercheur américain, le fait que l’inscription nouvellement découverte ait été inscrite sur un peigne conservant encore des fragments d’exosquelettes de poux, a permis de confirmer que l’interprétation de l’équipe était la bonne.
« Tout au long de l’histoire de l’humanité, les poux ont constitué un problème », souligne-t-il. « Nous ne pouvons qu’espérer que ce peigne gravé ait efficacement rempli sa mission : déloger ces insectes nuisibles. »
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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