Selon une étude Ipsos/Sopra Steria parue lundi, une majorité de Français est désormais favorable à un rétablissement de la peine de mort. Presque 30 ans après son abolition, cette question divise toujours autant. 82 % des Français souhaitent également « un chef fort ».
Une majorité des Français favorables à la peine de mort
C’est un sondage Ipsos/Sopra Steria, pour Le Monde, la Fondation Jean-Jaurès et l’Institut Montaigne. On y apprend que 55 % des Français sont favorables à un rétablissement de la peine de mort. Cela correspond à +11 points par rapport à 2019. C’est la huitième année que ce sondage est réalisé.
À noter, une nette différence entre les partis politiques : ainsi les sympathisants du Rassemblement national (RN, extrême droite) sont largement en faveur du rétablissement de la peine capitale. Viennent ensuite les Républicains (LR, droite), à 71 %. Fait étonnant, on note une très forte progression chez les sympathisants du Parti communiste (PCF) et de la France insoumise (LFI) de 31 points, alors que ces partis sont traditionnellement abolitionnistes. Parmi les corps de métiers, on note que les ouvriers sont majoritairement pour un retour de la peine de mort (68 %), les employés à 60 % et les retraités à 55 %. À l’inverse, les cadres son minoritaires à 41 % et les professions intermédiaires à 40 %. De même, on voit dans ce sondage que 82 % des Français estiment qu’« on a besoin d’un vrai chef en France pour remettre de l’ordre », ce qui correspond à 3 points de plus qu’en 2019.
Le retour de la peine de mort serait toutefois pratiquement impossible à remettre en place
Le vice-président du RN, Jordan Bardella, s’est empressé d’affirmer, suite à son sondage, que si son parti était au pouvoir en 2022, un référendum sur la question serait proposé aux Français. Toutefois, rétablir la peine de mort en France serait très difficile, voire quasiment impossible. En effet, comme le rappelle RTL, tout d’abord pour mettre en place le référendum d’initiative citoyenne que le vice-président du RN appelle de ses voeux, il faudrait modifier la Constitution. Ensuite, s’il est mis en place et que le rétablissement de la peine de mort l’emporte, il faudrait de nouveau modifier la Constitution, notamment l’article 66-1 qui interdit à la France de rétablir la peine capitale. Ensuite, la France devrait quitter l’Union européenne (UE), car l’abolition de la peine de mort est une condition d’entrée dans l’institution. Ainsi le protocole n°6 de la Convention européenne des droits de l’homme, depuis 1986, interdit la peine de mort en temps de paix. Le protocole n°13 de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), que la France a signé en 2002, l’interdit en toute circonstance. Et, de plus, la France s’est engagée contre auprès de l’ONU.
Même si le rétablissement de la peine de mort est presque improbable, ces chiffres interrogent sur la raison pour laquelle les Français sont majoritairement en faveur d’une mesure aussi radicale. Au premier chef, l’impression d’insécurité permanente peut servir d’explication première. Véronique Le Goaziou, docteure et experte en sociologie de la justice, corrobore cette idée : « Surtout avec les attentats, bien sûr, a fortiori dans cette période de procès pour Charlie Hebdo. » Il y a également les crimes sexuels qui ont été souvent cachés et qui sont aujourd’hui « mis sur le devant de la scène publique et considérés comme le crime absolu, le mal absolu. » Enfin, la justice a sa part de responsabilité, de par son impression de laxisme. Les peines ne sont pas toujours appliquées, les terroristes ou violeurs finissent souvent par ressortir plus tôt que prévu alors qu’ils avaient été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité… Tout cela, amplifié par une plus grande exposition médiatique des crimes et des procès, fait que les Français ont de plus en plus l’impression de vivre dans une société dangereuse.
Toutefois, comme le rappelait l’avocat pénaliste Francis Szpiner, au micro de RTL : « Je pense qu’une société, son orgueil, sa fierté, c’est justement de refuser la barbarie, et de mettre la vie au-dessus de tout. » Enfin, pour reprendre les mots de Victor Hugo, célèbre pour ses positions abolitionnistes, il faut rappeler qu’une société ne se venge pas.
Par Marine Guichard, le
Source: Le Figaro
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Si rétablissement de la peine de mort il devait y avoir, ce serait légitime plutôt sur une toute petite proportion de personnes, celles-là mêmes qui organisent la destruction des institutions publiques par leur comportement, de tricheurs et menteurs et qui permettent l’enrichissement de quelques-uns au détriment de la majorité, d’où le sentiment d’insécurité constaté qui n’est que la résultante logique de tout ça. Mais les gens inversent tout et dirigent leur courroux sur les victimes plutôt que sur les bourreaux véritables, qui résident dans un palais très connu de la capitale.
Le laxisme de la justice ou la peur des juges…