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Des analyses ADN révèlent ce qui a réellement décimé l’armée de Napoléon en 1812

Un cocktail mortel

Napoléon
Napoléon faisant retraite depuis Moscou par Adolphe Northen (1828–1876)

Plusieurs centaines de milliers de soldats sont morts lors de la tristement célèbre retraite napoléonienne de Russie. Des analyses génétiques ont permis d’identifier deux agents pathogènes impliqués.

Des pathogènes redoutables

Au cours de l’été 1812, Napoléon a rassemblé jusqu’à 600 000 hommes pour envahir la Russie. À l’arrivée de ses troupes à Moscou, la ville avait été vidée de ses habitants et de ses réserves de vivres, les obligeant à se retirer près de la frontière polonaise pour l’hiver. Entre octobre et décembre de cette année, on estime qu’au moins 300 000 soldats sont morts côté français.

Il y a un peu moins de deux décennies, les rapports de survivants de cette hécatombe et des séquençages génétiques avaient suggéré que le typhus et la fièvre des tranchées avaient constitué les deux principales causes de décès. Une possibilité aujourd’hui remise en question par de nouveaux travaux, basés sur l’ADN extrait des dents de 13 soldats napoléoniens enterrés à Vilnius, capitale de la Lituanie.

Pré-publiés sur le serveur bioRxiv, ceux-ci n’ont révélé aucune trace des deux maladies sus-mentionnées, mais la présence des bactéries Salmonella enterica, à l’origine de la fièvre paratyphoïde, et Borrelia recurrentis, transmise par les poux et responsable de la fièvre récurrente mondiale.

L’approche employée, dite « métagénomique », se distingue de celles précédemment utilisées, qui impliquaient l’amplification de séquences génétiques spécifiques. Selon Nicolás Rascovan, de l’Institut Pasteur, elle permet de détecter le matériel génétique de n’importe quel agent pathogène dans un échantillon donné.

© NIAID / Flickr

Combinaison fatale

À la lumière de ces découvertes, le scénario le plus raisonnable est que la faim, le froid et ces deux maladies (bien qu’elle ne soit pas nécessairement mortelle, la fièvre récurrente aurait fait des ravages chez des individus déjà très affaiblis) aient constitué une combinaison fatale pour les soldats.

N’ayant pas participé à l’étude, Sally Wasef, de l’université technologique du Queensland, estime que la métagénomique pourrait être étendue à d’autres restes humains, afin de déterminer dans quelle mesure ce type de pathogènes a contribué au déclin d’anciennes populations indigènes. En particulier lors de la colonisation des Amériques et de l’Océanie, dont les descriptions historiques se révèlent incomplètes ou biaisées.

En début d’année, l’ADN de la peste noire avait été exhumé d’une momie égyptienne vieille de 3 300 ans.

Par Yann Contegat, le

Source: New Scientist

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