Des chercheurs ont récemment pu examiner un manuscrit chrétien vieux de cinq siècles. Parfaitement conservé, le document offre un aperçu étonnant des croyances et des pratiques de l’époque.
Un témoignage historique exceptionnel
Décrit dans le Journal of the British Archaeological Association, ce parchemin enluminé (en référence aux riches ornements accompagnant son texte) est une relique des dernières années de la doctrine catholique en Angleterre, peu de temps avant que la Réforme ne transforme la vie religieuse en Europe. « Connu jusqu’à présent uniquement par sa brève apparition sur le marché des collections privées dans les années 1960 et 1970, il n’avait jamais été examiné de près ni publié dans son intégralité », détaille l’historienne de l’art Gail Turner, auteure principale de la nouvelle étude.
L’un des principaux mystères entourant ce document médiéval se résumait à son état de conservation exceptionnel. De tels parchemins devaient en effet être physiquement déroulés afin d’être lus, et étaient par conséquent sujets à l’usure et aux dommages lors de leur utilisation, en particulier sur une période de plusieurs siècles.
Les analyses réalisées ont mis en évidence des signes d’abrasion, suggérant que le parchemin était effectivement régulièrement déroulé, et probablement souvent embrassé par les fidèles. Un acte de dévotion « pour ressentir la Passion du Christ plus intensément », selon les auteurs de l’étude.
Rédigé entre 1505 et 1535, le rouleau de prières était lié au prieuré de Bromholm, une abbaye fondée au début du 12e siècle dans le Norfolk. « Il ne reste aujourd’hui que quelques ruines du prieuré, mais Bromholm était autrefois un lieu de pèlerinage médiéval réputé », explique Turner. « Il était censé abriter un fragment de la croix sur laquelle Jésus-Christ aurait été crucifié, contenu dans le crucifix de l’abbaye lui-même, qui n’a jamais été retrouvé. »
Des illustrations détaillées offrant un meilleur aperçu du « culte de la Croix »
Comportant plusieurs illustrations détaillées, dont une représentation du Christ crucifié, le parchemin offre aux chercheurs un meilleur aperçu du « culte de la Croix », chapitre assez obscur de l’histoire de la religion chrétienne. « Le rouleau reflète une époque où les laïcs avaient une réelle croyance dans les ennemis visibles et invisibles », détaille Turner. « Vers la fin du 15e siècle et le début du 16e siècle, il existait un large éventail d’incantations semi-chrétiennes s’inspirant fortement des formules ecclésiastiques. »
De tels parchemins étaient sans doute destinés aux fidèles les plus aisés, qui disposaient d’une copie personnelle des prières et de l’iconographie religieuse pouvant être consultée à loisir. Moins chers et plus faciles à produire que les livres reliés, ceux-ci étaient dépourvus de couverture, et par conséquent davantage susceptibles d’être dégradés avec le temps.
« Ce rouleau de prières vieux de 500 ans et incroyablement bien conservé constitue une découverte presque miraculeuse en soi », estime Turner. « Surtout en raison de sa proximité historique avec le culte de la Croix. »
Par Yann Contegat, le
Source: Science Alert
Étiquettes: religion, angleterre, parchemin, culte médieval, culte de la croix
Catégories: Actualités, Histoire