Des scientifiques ont récemment annoncé avoir identifié la bactérie responsable de la terrible épidémie de peste noire, largement considérée comme la plus meurtrière de l’histoire, en Asie centrale.
Deux anciens cimetières dans le nord du Kirghizstan
S’étant probablement propagée le long des routes commerciales, la peste bubonique a balayé l’Europe, l’Asie et l’Afrique du Nord au milieu du XIVe siècle et fait des dizaines de millions de victimes. Malgré les importants efforts déployés au fil des décennies pour localiser le point de départ de l’épidémie, celui-ci demeurait jusqu’à présent un mystère.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Nature, une équipe internationale de chercheurs a identifié l’ancêtre de la peste noire, ainsi que de la grande majorité des souches circulant actuellement dans le monde, dans deux cimetières situés près du lac Issyk-Kul, dans le nord de l’actuel Kirghizstan.
Alors qu’il étudiait les pierres tombales datées de 1248 à 1345, l’historien Philip Slavin, de l’université de Stirling, avait constaté une augmentation considérable du nombre de décès à la fin des années 1330. Sur les 467 sépultures érigées au cours de ces décennies, 118 l’avaient été entre 1338 et 1339, et il se trouve qu’une partie d’entre elles comportaient l’inscription « mawtānā », signifiant « peste » en langue syriaque.
Des analyses génétiques révélatrices
Des recherches plus approfondies ont révélé que les sites avaient été fouillés à la fin des années 1880, et une trentaine de squelettes exhumés. Après avoir étudié les journaux des fouilles, Slavin et ses collègues ont retrouvé la trace de certains des ossements, qui ont pu être associés à des pierres tombales particulières. L’analyse génétique des dents de sept individus a révélé que trois d’entre elles contenaient de l’ADN de Yersinia pestis, bactérie responsable de la peste bubonique.
L’analyse complète du génome de cette dernière a révélé qu’il s’agissait d’un ancêtre direct de la souche responsable de la peste noire en Europe huit ans plus tard, qui allait causer la mort de plus de la moitié de la population du continent au cours de la décennie suivante.
Selon les scientifiques, le plus proche parent vivant de cette souche a été découvert chez des rongeurs de la même région. Bien que des personnes puissent encore être infectées par la peste bubonique, une meilleure hygiène et un moindre contact avec les puces de rat, pouvant transmettre l’infection à l’Homme, ont permis d’éviter d’autres épidémies dévastatrices.
Par Yann Contegat, le
Source: The Guardian
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