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Des indices sur l’existence d’une « organisation gouvernementale » primitive en Mésopotamie découverts

Des bols en argile suggèrent que des repas servaient à rémunérer des travailleurs il y a 5 000 ans

Mesopotamie Irak
© Claudia Glatz et al., Antiquity Publications Ltd

Une récente découverte en Irak offre un aperçu fascinant de l’organisation des premières sociétés complexes et leur gouvernance. Des bols en argile, âgés de 5 000 ans, ont été retrouvés sur un site archéologique dans le nord de l’Irak, suggérant l’existence d’un système de gestion centralisée au sein de l’une des premières communautés agricoles. Cependant, ces artefacts révèlent également le mystérieux effondrement de cette structure gouvernementale.

Les premières traces d’une organisation centralisée

Les fouilles archéologiques menées à Shakhi Kora, un site situé au sud-ouest de Kalar, ont permis de découvrir de nombreux bols en poterie typiques, connus sous le nom de bols à bords biseautés, datant du Ve millénaire avant notre ère. L’équipe pense que ces récipients étaient utilisés pour distribuer de la nourriture en échange de travail, suggérant l’existence d’une forme d’autorité centralisée qui pourrait avoir conduit à l’émergence des premières cités-États en Mésopotamie.

L’analyse des résidus dans certains de ces bols a révélé qu’ils contenaient de la viande, probablement sous forme de ragoût ou de bouillon, indiquant que des troupeaux de moutons et de chèvres étaient élevés près du site pour nourrir la population.

Claudia Glatz, archéologue à l’université de Glasgow, qui mène les fouilles depuis 2019, et auteure principale de l’étude publiée dans la revue Antiquity, a déclaré que ces fouilles offrent un aperçu unique des premières formes d’organisation centralisée et leur éventuelle chute.

Mesopotamie
© Claudia Glatz et al., Antiquity Publications Ltd

Des influences extérieures

Les fouilles ont mis en évidence des structures qui s’étendent sur plusieurs siècles, avec des tessons de poterie et d’autres objets témoignant de l’évolution des traditions locales des populations agricoles vers des influences extérieures, notamment celles de la ville d’Uruk, située au sud de la Mésopotamie. La « période d’Uruk », qui se situe entre 4000 et 3100 avant J.-C., marque la première phase de la civilisation sumérienne, connue pour son urbanisation, ses échanges commerciaux interrégionaux et les débuts de l’écriture.

Les structures retrouvées sur le site montrent également une influence méridionale, notamment des systèmes de drainage et des piliers dans les bâtiments, caractéristiques de la Mésopotamie du Sud. Cette organisation montre que des gens se rendaient à Shakhi Kora pour travailler dans ce qui semble avoir été une sorte de communauté régie par des « ménages institutionnels », une forme de gestion collective des ressources.

Cependant, ce site a été abandonné, ce qui pourrait indiquer un rejet de l’autorité centralisée par la population locale, bien que cela ne soit pas certain. Selon les chercheurs, après l’effondrement de ce premier gouvernement, il fallut attendre 1 500 ans avant qu’un autre pouvoir centralisé n’émerge dans la région. 

Un rejet de la centralisation et la chute du site

Après plusieurs siècles d’occupation, le site de Shakhi Kora a été abandonné à la fin du IVe millénaire avant notre ère, sans aucun signe de violence ou de changement climatique majeur. Ce constat amène les chercheurs à émettre l’hypothèse que la population locale a choisi de rejeter cette organisation centralisée. En abandonnant ce mode de gestion, les habitants auraient opté pour un retour à une organisation plus décentralisée, centrée sur les fermes familiales.

Cela montre que les formes de gouvernance hiérarchiques n’étaient pas inévitables dans les premières sociétés complexes et que les communautés locales ont su résister à la centralisation du pouvoir. Susan Pollock, archéologue à l’université libre de Berlin, spécialiste des premiers États mésopotamiens, a suggéré que de nombreuses personnes se réunissaient à Shakhi Kora pour travailler, mais que d’autres établissements similaires existaient dans la région, ce qui indique que l’urbanisation et la centralisation n’ont pas toujours été des objectifs recherchés par les populations locales.

Toutefois, il est difficile de déterminer si ce déclin est dû à un rejet délibéré de l’autorité ou à d’autres facteurs. Glenn Schwartz, archéologue à l’université Johns-Hopkins, a noté que la taille limitée des fouilles ne permet pas de conclure avec certitude à l’existence d’une hiérarchie organisée. Par ailleurs, les archéologues ont enfin découvert pourquoi les premières grandes colonies se sont effondrées.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Live Science

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