Il y a quelques années, les photos chocs de l’artiste américain Chris Jordan révélaient au monde entier des cadavres d’albatros en décomposition, bourrés de déchets plastiques. Les scientifiques s’interrogeaient depuis pour savoir ce qui poussait les oiseaux à ingérer ces ordures qui pullulent malheureusement dans nos océans. Une étude américaine révèle enfin la réponse.
Des chercheurs de l’université de Davis en Californie se sont penchés sur une molécule appelée sulfure de diméthyle (DMS) dont l’odeur rappelant le chou cuit a tendance à attirer les oiseaux hauturiers, tels que les albatros, pétrels et autres puffins, qui l’associent à la présence de plancton. Le plastique ne comprenant pas de DMS à l’état naturel, les scientifiques ont mis en place une petite expérience.
Ils se sont servis de perles de plastiques qu’ils ont laissées mariner dans des filets rattachés à des bouées au large des côtes californiennes et ce pendant trois semaines. Une fois récupérées, les perles ont été confiées au département de viticulture et d’œnologie de l’université de Davis qui était chargé d’analyser les arômes de ces dernières. Les chercheurs ont pu constater que si les perles de polyéthylène et de polypropylène ne dégageaient pas de DMS avant l’expérience, c’était bien le cas après leur séjour en mer. Cela s’explique par le fait que les matières plastiques sont propices au développement d’une fine pellicule d’êtres vivants microscopiques qui, eux, émettent du DMS.
La concentration en DMS, bien qu’infime, est cependant facilement détectable pour les oiseaux marins. Ces derniers sont donc naturellement attirés par ces leurres toxiques. En analysant les données de pas moins de 55 études consacrées à ces espèces, les scientifiques ont mis en évidence le fait que plus un volatile est sensible au DMS, plus il en ingérera facilement.
L’odorat joue donc un rôle important dans le fait que les oiseaux puissent confondre les déchets avec des proies. Rappelons qu’une étude alarmante de 2014 estimait le nombre de particules plastiques à la dérive dans nos océans à près de 5 000 milliards.
Par Corentine Sys, le
Source: passeurdesciences.blog.lemonde.fr
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