Des chercheurs ont récemment découvert que les feux de forêt avaient un impact durable sur les oiseaux vivant dans les forêts voisines. Avec des individus amenés à utiliser d’autres types de chants.
Des chants complexes
Les oiseaux modifient leur façon de communiquer dans de nouveaux habitats afin d’exploiter les propriétés acoustiques de leur environnement : une végétation plus épaisse, la taille des branches des arbres ou même le vent peuvent ainsi influer sur leurs vocalises. Dans le cadre de ces récents travaux publiés dans la revue The Auk : Ornithological Advances, une équipe de scientifiques a découvert que les incendies modifiaient également la façon dont les oiseaux communiquent, en amenant notamment les spécimens vivant dans les forêts voisines à entonner de nouveaux chants.
Les parulines à tête jaune, dont l’aire de répartition estivale se limite aux États de la côte Pacifique (Californie, Oregon, Washington) aux États-Unis, possèdent une collection de chants complexes qu’elles utilisent essentiellement pour défendre leur territoire, ainsi qu’un chant unique pour attirer des partenaires potentiels. En règle générale, ces oiseaux s’appuient sur un seul chant dominant au sein d’une même zone géographique.
Les représentants de cette espèce sont particulièrement sensibles aux incendies et autres perturbations environnementales (comme les coupes sélectives de bois) qui les impactent négativement à court terme. Mais ces nouvelles recherches montrent que des changements positifs interviennent également à long terme en réponse aux modifications majeures de la structure des forêts, se traduisant généralement par l’augmentation des populations d’insectes.
« Les feux de forêt ont provoqué la fuite de certains oiseaux et créé un vide que d’autres ont dû combler »
Entre 2009 et 2014, les scientifiques du Wildlife Investigations Laboratory, en Californie, ont enregistré les chants dominants de 1 588 mâles sur 101 sites d’étude. Ceux-ci ont ensuite été analysés et classés en 35 dialectes distincts. Les chercheurs ont ensuite réalisé une modélisation intégrant l’historique des incendies à l’échelle locale, la quantité d’habitats de reproduction à l’échelle régionale ainsi que la distance séparant ces différents territoires afin d’étudier les facteurs influençant la diversité des chants de cette espèce.
Il s’est avéré que cette diversité augmentait en fonction de l’étendue des incendies à l’échelle locale et de la quantité des habitats à l’échelle régionale. Ce qui a été confirmé par l’analyse de données de dix zones d’étude revisitées en 2019, révélant que depuis les premières visites cinq à dix ans plus tôt, la structure des chants avait changé et la diversité largement augmenté dans les zones ayant entretemps été frappées par des incendies.
« Nos recherches suggèrent que les dialectes de chant sont apparus dans des sous-populations spécialisées au sein de différents types de forêts », explique Brett Furnas, auteur principal de l’étude. « Sur le long terme, les feux de forêt ont provoqué la fuite de certains oiseaux et créé un vide que d’autres ont dû combler. En conséquence, dans certaines régions les oiseaux chantent maintenant plus d’un dialecte, ce qui entraîne une diversité complexe de chants dans toute la Californie. »
Par Yann Contegat, le
Source: Phys.org
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