Au moins 55 % des réacteurs nucléaires sont défectueux en France. C’est le constat alarmant d’un rapport de Greenpeace : 32 des 58 réacteurs de l’Hexagone auraient été mal usinés. Et les conséquences en cas de surchauffe seraient désastreuses.
Le 23 septembre dernier, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) publiait un document expliquant que les centrales nucléaires françaises comptaient 87 pièces irrégulières. Mais le rapport établi pour Greenpeace, de John Large, expert de renom sur les questions de sécurité nucléaire, va plus loin. Après avoir étudié des donnés de l’ASN, le Britannique a identifié 107 pièces défectueuses. Les pièces concernées ont été commandées par Areva, avant d’être fondues par l’entreprise Creusot Forge.
Le rapport du cabinet spécialisé en ingénierie LargeAssociates démontre que « le processus lui-même de fabrication des pièces forgées n’est pas maîtrisé mais aussi qu’Areva dans son usine n’est pas capable de le voir, (…) n’a pas les processus de qualité suffisants, et qu’ensuite EDF et l’ASN ne sont pas capables de le voir non plus, malgré leurs processus de qualification, de certification », explique Cyrille Cormier, chargé de campagne énergies à Greenpeace France à l’AFP.
Ce sont autant de Fukushima possibles !
107 pièces irrégulières ont ainsi été identifiées dans 32 réacteurs sur les 58 que compte la France. Leur problème : une « anomalie de la teneur en carbone ». Lors de la fonte, certaines zones de ses pièces ont une trop grande teneur en carbone. Or, en cas de surchauffe, de l’eau glacée est envoyée sur le réacteur. Lors du choc thermique, ce trop plein de carbone fragilise l’acier qui devient alors cassant. Le réacteur peut donc se fissurer à tout moment.
L’ampleur du danger pourrait même être plus important. Les pièces fabriquées depuis 1965 par Creusot Forge sont concernées par ces irrégularités. « Faute de moyens légaux, et peut-être humains, l’ASN n’est pas allée enquêter trop profondément sur ces dysfonctionnements. Elle a dû attendre qu’Areva lui signale les anomalies, au cas par cas. On ne sait donc probablement pas tout ! », alerte John Large.
« C’est toute la chaîne du nucléaire français, de la fabrication à la vérification, qui est discréditée par le travail du cabinet Large. Et nous ne sommes pas au bout de nos découvertes, il en reste probablement beaucoup à connaître ! C’est le signe qu’il est urgent de mettre hors d’état de nuire un grand nombre de ces centrales », renchérit Cyrille Cromier.
Pour l’heure, EDF n’a pas encore réagi au rapport de Greenpeace. Le 23 septembre dernier, l’énergéticien démentait les accusations portées par l’ASN sur la cuve du réacteur de Flamanville. Mais aujourd’hui, les preuves apportées par John Large sont indéniables. Sur le même sujet, découvrez 15 chiffres à propos du nucléaire qui amènent à réfléchir sur cette énergie controversée.
Par Victoria Ouicher, le
Source: L'Obs
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