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« Notre ADN cache le secret des animaux hibernants » : une piste révolutionnaire contre les maladies chroniques

Représentation 3D d’une molécule d’ADN en double hélice sur fond bleu

Des chercheurs montrent que notre ADN renferme encore les “interrupteurs” qui permettent à certains mammifères d’hiberner. Les activer pourrait bouleverser la médecine.

Identifier plus de 10 000 séquences dans notre génome qui pourraient réactiver des capacités d’hibernation

L’étude publiée dans Science et menée par Elliott Ferris à l’université de l’Utah révèle une découverte étonnante : notre ADN contient 10 251 courtes séquences similaires à celles qui contrôlent l’hibernation chez certains mammifères. Ces séquences fonctionnent comme des interrupteurs génétiques capables d’activer ou de bloquer certaines fonctions métaboliques.

Si les humains n’hibernent pas, ce n’est pas par manque de gènes adaptés. C’est parce que les séquences régulatrices qui devraient les activer restent désactivées. D’après Ferris, apprendre à les contrôler pourrait aider à combattre le diabète de type 2, l’obésité ou certaines maladies neurodégénératives.

Pour avancer, son équipe a étudié des souris placées dans un état de torpeur provoqué par le jeûne, puis réchauffées et nourries à nouveau. Ce ralentissement du métabolisme et de la température corporelle ressemble à une hibernation partielle.

Observer comment la torpeur stoppe la neurodégénérescence et modifie le métabolisme

Les chercheurs ont analysé l’activation des gènes chez ces souris avant, pendant et après la torpeur. Ils ont identifié certaines zones du génome présentes chez la plupart des mammifères depuis plus de 100 millions d’années, mais qui avaient évolué rapidement chez les espèces hibernantes.

Ces régions influencent la résistance à l’insuline, la gestion des graisses et même la protection neuronale. En effet, pendant la torpeur, l’activité génétique dans l’hypothalamus – la zone qui régule le métabolisme, la température et l’alimentation – change profondément.

De plus, les chercheurs ont observé que les processus de neurodégénérescence s’arrêtaient. Ces effets étaient encore plus marqués lors de la phase de réalimentation, lorsque l’animal retrouvait un métabolisme actif.

Utiliser ces “interrupteurs génétiques” pour traiter le diabète, l’obésité ou Alzheimer

Les 10 000 séquences identifiées chez l’humain ciblent des gènes liés à l’adiposité, à la résistance à l’insuline et à des maladies comme Alzheimer ou l’atrophie musculaire. Activer ces séquences pourrait donner aux humains les superpouvoirs métaboliques des animaux hibernants.

Un patient atteint de diabète pourrait ainsi voir son métabolisme rétabli, comme un ours qui sort de l’hibernation sans séquelles. De même, ralentir certaines fonctions corporelles pourrait protéger le cerveau et limiter le vieillissement cellulaire.

Cependant, cette approche exige une précision extrême pour éviter des effets secondaires graves. La mise au point de traitements ciblés nécessitera des années de recherche et de nombreux essais cliniques.

Réactiver des capacités ancestrales pour transformer la médecine de demain

Cette découverte ouvre une perspective fascinante : nos corps cachent peut-être des capacités perdues au fil de l’évolution. Les réactiver pourrait changer notre rapport à la maladie et au vieillissement.

Comme le résume Ferris : « Nous avons peut-être toujours eu en nous les clés pour soigner certaines maladies… il nous reste à apprendre à les tourner. »

Par Eric Rafidiarimanana, le

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