Aller au contenu principal

En avance sur leur temps, les hommes de Néandertal se soignaient déjà à l’aspirine

Dans la culture populaire, l’homme préhistorique est souvent représenté comme un individu impulsif et irréfléchi doté de facultés intellectuelles limitées. Il reste cependant important de ne pas s’investir pleinement dans nos croyances, en effet l’homme de Néandertal était sans doute beaucoup plus sophistiqué qu’on ne le pense. Une étude publiée le 8 mars révèle qu’il avait recours à l’automédication il y a 48 000 ans.

 

L’intérêt du tartre dentaire

Une équipe de chercheurs dirigée par le centre d’étude de l’ADN ancien de l’Université d’Adelaide en Australie a publié ce mercredi une étude portant sur le tartre dentaire prélevé sur des fossiles d’hommes de Néandertal vieux de 42 000 à 50 000 ans. Composée de protéines et de polysaccharides, la plaque dentaire est fabriquée par les bactéries présentes dans notre bouche ; une fois mélangée avec les minéraux contenus dans la salive, elle forme du tartre.

Généralement, la plaque dentaire est censée constituer un véritable cauchemar pour vous comme pour votre dentiste, mais pour les chercheurs elle représente un véritable trésor. Piégeant certains agents pathogènes de l’organisme (essentiellement ceux de l’appareil digestif et respiratoire), ainsi que des petits morceaux de nourriture, elle permet aux scientifiques qui en étudient la composition génétique de comprendre le régime alimentaire des hommes préhistoriques mais aussi les maladies qu’ils ont pu contractées il y a des millions d’années, explique la chercheuse Laura Weyrich.

« L’ANALYSE GÉNÉTIQUE DE L’ADN CONTENU DANS LA PLAQUE DENTAIRE REPRÉSENTE UNE FENÊTRE UNIQUE SUR LE MODE DE VIE DE L’HOMME DE NÉANDERTAL »

 

Des cultures très diverses

L’étude a porté sur 4 séquences d’ADN différentes prélevées sur les sites préhistoriques de Spy en Belgique et d’El Sidrón en Espagne.

Au cours de leurs recherches, les scientifiques se sont rapidement aperçus que les hommes de Néandertal avaient des cultures culinaires très diverses. Ils ont ainsi découvert que les fossiles belges avaient des régimes plutôt carnés tandis que les fossiles espagnols consommaient essentiellement des légumes. Ainsi, les hommes de Néandertal ayant vécu dans les caves de Spy s’apparentent aux premières communautés d’agriculteurs et de chasseurs-cueilleurs tandis que ceux issus du site d’El Sidrón sont assimilables à nos ancêtres africains.

Mais l’intérêt de l’étude réside surtout dans la preuve que l’homme de Néandertal, quel que soit son régime alimentaire, avait recours à l’automédication.

 

L’automédication chez l’homme de Néandertal

L’étude d’un des fossiles trouvés en Espagne a révélé que le sujet souffrait d’un abcès dentaire et d’un parasite intestinal causant de violentes douleurs. Mais les chercheurs ont également découvert de l’ADN de peuplier ou de cotonnier noir, des arbres contenant de la salicine, sur son tartre dentaire. La salicine concentre des doses anti-inflammatoires et antalgiques, elle sert de base chimique à l’acide asétylsalicylique ou aspirine. Il est fort probable, d’après les chercheurs, que cet homme de Néanderthal ait compris que les plantes avaient des vertus médicinales et qu’il les aient utilisées pour se soigner !

« APPAREMMENT, LES HOMMES DE NÉANDERTAL CONNAISSAIENT BIEN LES PLANTES MÉDICINALES, LEURS PROPRIÉTÉS ANTI-INFLAMMATOIRES ET ANTI-DOULEUR ET SEMBLENT S’ETRE AUTOMÉDIQUÉS »

Enfin, les chercheurs ont trouvé des traces de penicillium, des champignons utilisés pour fabriquer des antibiotiques de type pénicilline. Le débat est actuellement ouvert sur l’usage potentiel des antibiotiques par les hommes de Néandertal

 

Comprendre le fil de l’évolution

Notre parenté avec l’homme de Néandertal est encore controversée, certains chercheurs affirment toujours qu’il appartient à l’espèce Homo sapiens quand d’autres sont de plus en plus nombreux à considérer qu’il forme une espèce à part entière. Qu’ils soient nos ancêtres ou nos frères d’évolution, l’étude du mode de vie de l’homme de Néandertal nous permet d’en savoir plus sur le fil de l’évolution et ainsi de mieux nous comprendre.

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *