En 1969, l’Homme posait son premier pas sur la Lune. À l’occasion du 46e anniversaire de cet événement grandiose, une étude financée en partie par la NASA rapporte que l’Homme pourrait retourner sur le satellite naturel de la Terre dans la décennie à venir. Le but : y implanter une base permanente ainsi qu’un système d’exploitation minière pour faire de la Lune un point de ravitaillement pour faciliter le voyage sur Mars. Et tout cela dans un budget « raisonnable » ! SooCurious vous en dit plus sur ce nouveau projet fou.
Ce nouveau voyage sur la Lune pourrait se faire d’ici 5 à 7 ans selon l’étude de NexGen Space LLC, en partie financée par la NASA. Celle-ci affirme que l’objectif serait d’y établir une base permanente dont la construction pourrait s’étaler sur 10 à 12 ans. Alors pourquoi croire en ce nouveau projet ? Avant tout parce qu’il rentre dans le budget de la NASA mais aussi parce qu’il pourrait se faire en collaboration avec des sociétés privées telles que le SpaceX, Orbital ATK et United Launch Alliance. « La NASA peut réduire les coûts liés à l’établissement d’une présence humaine sur la Lune par 10. Des économies d’une telle ampleur permettraient à la NASA de développer ses ambitions dans l’exploration lunaire sans dépasser les 3,7 milliards qu’elle reçoit chaque année pour les vols spatiaux humains », déclare Charles Milles, président de NexGen et auteur principal de cette étude.
Pour exemple, l’étude évoque le coût de ravitaillement effectué par SpaceX : 4 750 $ pour chaque kilo envoyé en orbite à bord du lanceur moyen Falcon 9. Un chiffre bien moindre que celui des missions Apollo et de la fusée Saturn V avec une facture qui montait à 46 000 $ le kilo, 60 000 pour les navettes spatiales. SpaceX ajoute que pour sa prochaine génération de lanceurs lourds, le Falcon Heavy, le prix du kilo ne sera pas plus cher que pour le Falcon 9.
Un projet au budget raisonnable via Shutterstock
Mais le projet mise aussi sur l’installation d’une exploitation minière sur la Lune, un nouveau moyen de réduire le coût des missions. L’objectif serait d’extraire l’hydrogène de la glace présente au pôle. L’hydrogène serait ensuite raffiné et transformé en carburant cryogénique. Ce carburant en question serait vendu à la NASA ou à toute autre organisation pour faire avancer le projet de se rendre sur Mars. Vous l’aurez compris, ce projet consisterait à faire de la Lune un véritable point de ravitaillement pour se rendre ensuite sur Mars, une sorte de station service en somme. « Il s’agit de développer la libre-entreprise sur la Lune », explique Miller.
Le coût total pour la NASA sur une période de cinq à sept ans avoisinerait les 10 milliards de dollars. 5 milliards iront aux deux entreprises sélectionnées pour développer, chacune de son côté, son atterrisseur lunaire. Chaque entreprise devra par ailleurs améliorer un vaisseau spatial pour l’équipage (SpaceX par exemple aurait revu la version de sa capsule dragon). « Un seul fournisseur ne suffit pas », ajoute Miller.
La Lune deviendrait une station de ravitaillement via Shutterstock
Pour la NASA, les dépenses ne représentent pas une contrainte supplémentaire mais plutôt un réajustement. En effet, elle prévoyait déjà de retourner sur la Lune avec sa nouvelle fusée (système « Space Launch ») mais il n’y avait pas de plan précis à l’atterrissage. En utilisant les vols commerciaux, la NASA pourrait réduire considérablement le coût de son programme, tout en développant les technologies nécessaires pour le soutenir.
L’étude mentionne une feuille de route précise. Si la NASA venait à accepter immédiatement le projet, un retour robotique sur la Lune pourrait se faire dès 2017 pour que les rovers explorent les pôles à la recherche d’hydrogène en 2018. La prospection pourrait quant à elle débuter dès 2019 ou 2020. La construction robotique d’une base permanente commencerait en 2021 pour anticiper l’arrivée des humains un peu plus tard la même année. Un certain nombre de risques est tout de même présenté dans l’étude. D’une part, le coût et le risque liés au développement de la base permanente est bien au-delà de ce qui pourrait être acceptable pour les entreprises à la recherche d’un retour sur investissement. L’étude aborde également les stratégies à suivre pour répondre à certains problèmes comme la perte d’un véhicule de lancement, la perte de rover lunaire, et même la perte d’un équipage. Il existe aussi un risque concernant le soutien et la confiance du gouvernement à travers la NASA si aucun changement important n’est observé. Pour résoudre ce problème, l’étude propose la création d’une autorité internationale lunaire pour superviser le programme.
Ce projet faciliterait le premier voyage de l’Homme sur Mars via Shutterstock
L’étude a été examinée et validée par une équipe indépendante de 21 personnes, anciens membres de l’administration de la NASA ou anciens astronautes. Tom Moser, premier directeur du programme de la Station spatiale internationale, a expliqué qu’il était pour autant difficile de convaincre les gens du bénéfice de grands programmes spatiaux. Moser croit en ce projet mais il explique qu’il ne se fera pas sans le soutien des Etats-Unis et de son leadership pour convaincre la population du bienfait de ce type de programme.
Ce programme est ingénieux. Il ne s’agit pas d’aller sur la Lune pour aller sur la Lune mais bien de faire du satellite naturel de la Terre une station de ravitaillement avec une base permanente pour poursuivre son voyage, sur Mars dans un premier temps. Reste à savoir si ce projet sera capable de convaincre suffisamment de personnes pour le mettre en application. Pensez-vous que la NASA a raison d’exploiter les ressources de la Lune ou croyez-vous que l’Homme devrait se contenter des ressources sur Terre ?
Par Paul Louis, le
Source: Theverge