
Depuis le XVIIIe siècle, des centaines de cas d’amphibiens découverts vivants à l’intérieur des pierres ou des roches ont été rapportés. Alors, mythe ou réalité ?
La grenouille de Nybro
Tout commence en 1733, lorsqu’un certain Johan Gråberg se voit présenter un curieux bloc de grès provenant de la carrière de Nybro, en Suède. À l’intérieur, une grenouille léthargique dont la bouche est recouverte d’une substance jaunâtre. Excédé par sa réactivité minimale, l’homme décide… de la frapper avec une pelle jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Hanté par son action, Gråberg va contacter plusieurs scientifiques, dont le physicien et naturaliste autoproclamé Joan Phil. Ce dernier suppose qu’un tétard s’est potentiellement glissé dans l’un des interstices de la roche puis s’y est ensuite développé. Loin d’impressionner ses confrères, l’article développant sa théorie est rejeté en 1741.
Au cours des décennies suivantes, plusieurs rapports similaires captivent l’imagination du grand public, poussant certains scientifiques éminents à se pencher sur la question. Parmi eux, le britannique William Buckland, qui a acquis une solide renommée en décrivant le premier fossile de dinosaure (18 ans avant que le terme « dinosaure » ne soit inventé).

Des expériences radicales
Menée en 1826, son expérience radicale implique le placement de 24 crapauds dans des niches creusées dans un bloc de grès et un bloc de calcaire, qu’il enterre dans son jardin pendant un an. Lorsque ceux-ci sont exhumés et examinés, il s’avère que l’ensemble des amphibiens du premier sont morts et en état de décomposition avancée, tandis que quelques spécimens ont miraculeusement survécu dans leur prison de calcaire. Buckland constate que les niches concernées n’ont pas été correctement scellées. Lorsque l’expérience est répétée, aucun animal ne survit.
À ce jour, un peu plus de 210 cas de grenouilles ou de crapauds piégés ont été signalés en Amérique du Nord, en Afrique, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Rapporté en 1928, le plus récent implique un crapaud qui aurait survécu un peu plus de trois décennies dans l’une des pierres du mur d’un palais de justice texan.
Rien ne prouve que de tels animaux puissent survivre en l’absence totale de ressources pendant des périodes prolongées. De façon également suspecte, il s’avère que bon nombre des amphibiens ont été trouvés par des ecclésiastiques, qui les présentaient comme les preuves de la formation des roches par un déluge biblique ou une intervention divine.
Pour aller plus loin, découvrez ces 10 légendes qui ont finalement une explication logique.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
Étiquettes: mythe, grenouille
Catégories: Animaux & Végétaux, Articles