
Les séquençages génétiques de squelettes plurimillénaires mis au jour au coeur de l’Argentine ont révélé l’existence d’un mystérieux groupe autochtone ayant vécu essentiellement isolé pendant près de 8 500 ans.
Des résultats inattendus
Publiée dans la revue Nature, l’étude a impliqué l’analyse de 238 génomes remontant jusqu’à 10 000 ans. Si de précédents séquençages avaient indiqué l’existence de populations distinctes dans les Andes, ainsi qu’en Patagonie et en Amazonie argentine, peu de recherches avaient été menées concernant le centre du pays.
« Nous voulions savoir si cette population, dont l’aire de répartition était située au carrefour des trois autres, était ou non génétiquement distincte », détaille Rodrigo Nores, de l’université nationale de Córdoba.
Compte tenu de la propagation rapide des peuples humains anciens à travers l’Amérique du Sud (dont les témoignages archéologiques comprennent des pointes de projectiles en pierre en forme de « queue de poisson » mis au jour en Argentine, au Chili, au Paraguay et en Uruguay), l’équipe s’attendait à observer un important brassage génétique.
A previously unknown Indigenous population lived in central Argentina for nearly 8,500 years, a new genetic study finds. https://t.co/WBQCpjwODi
— Live Science (@LiveScience) November 12, 2025
Au lieu de cela, les analyses ADN ont révélé une lignée ayant persisté plus de huit millénaires (jusqu’au XIXe siècle), sans interactions claires avec les groupes environnants. Bien que la piste « archéogénétique » s’arrête il y a environ deux siècles, le génome des représentants actuels de la principale lignée amérindienne de la région présente d’étroites similitudes avec ceux séquencés.
Un isolement qui interroge
En l’absence de barrières géographiques dans le centre de l’Argentine, qui auraient pu limiter les contacts entre ces différents groupes, cet isolement interroge.
Au cours de cette période remarquablement longue, la région a connu des sécheresses durables, vu les humains y évoluant délaisser la chasse et la cueillette au profit de l’agriculture, ainsi que l’arrivée de groupes en provenance d’Amazonie. Autant d’évènements qui auraient normalement favorisé un important brassage culturel, et génétique.
Le fait que le patrimoine de la mystérieuse lignée ait persisté aussi longtemps suggère que ses représentants parlaient probablement plusieurs langues.
Plus tôt cette année, des analyses ADN avaient révélé l’existence d’un groupe humain jamais identifié auparavant, ayant vécu dans l’actuelle Colombie et disparu sans laisser de descendance connue.