Des scientifiques japonais ont constaté que l’exposition de cellules musculaires humaines au sérum produit par les ours noirs durant l’hibernation permettait non seulement de prévenir l’atrophie de ces tissus mais favorisait également l’augmentation de leur masse.
Un facteur empêchant la dégradation des muscles
Si quelques semaines d’inactivité suffisent à entraîner une perte significative de masse musculaire chez les humains, les ours en hibernation peuvent rester immobiles jusqu’à sept mois sans que cela ait de graves répercussions sur cette dernière ou leur santé globale. Peu enclins aux maladies cardiaques, au diabète ou au cancer, ces animaux iconiques se gavent de nourriture durant l’été et l’automne, afin d’accumuler des réserves de graisse qui leur permettront de passer l’hiver en restant largement inactifs.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue PLOS One, des chercheurs des universités d’Hiroshima et d’Hokkaido ont exposé des cellules de muscle squelettique humaines (sensibles à la perte de masse causée par l’immobilité) au sérum extrait du sang d’ours noirs en hibernation et constaté que celui-ci « dopait » littéralement ces cellules, contrairement à son équivalent prélevé durant la saison estivale.
Selon l’équipe, de telles différences serait liées à la présence d’un facteur particulier dans le sérum d’ours en hibernation, bloquant le mécanisme de destruction (impliquant la protéine MuRF1) à l’origine de la dégradation des muscles, intervenant normalement lorsque ceux-ci ne sont pas sollicités pendant une période prolongée.
« Ce facteur semble réguler le métabolisme des protéines dans les cellules musculaires squelettiques humaines en culture et contribuer au maintien de la masse musculaire », explique Mitsunori Miyazaki, auteur principal de l’étude. « Leurs prochaines étapes consisteront à identifier les hormones et les voies qui suppriment MuRF1. »
Prévenir efficacement la perte musculaire chez l’Homme
Les chercheurs japonais estiment que de telles découvertes pourraient déboucher sur de nouveaux traitements permettant de prévenir beaucoup plus efficacement la perte de masse musculaire lors de missions prolongées dans le cosmos, ainsi que chez les personnes âgées, immobilisées ou sédentaires.
« L’inactivité physique entraînant généralement une perte de muscle squelettique et un dysfonctionnement métabolique chez de nombreuses espèces animales, identifier ce facteur dans le sérum d’ours en hibernation et clarifier le mécanisme empêchant les muscles de ces créatures de s’affaiblir permettrait potentiellement d’éviter ce scénario chez l’Homme », conclut Miyazaki.