Si le moustique est l’animal qui fait le plus de victimes humaines, c’est essentiellement à cause du paludisme qu’il transmet. Heureusement, des chercheurs ont découvert une molécule qui ne détruit pas seulement le parasite mais toutes les hématies infectées en épargnant les cellules saines. On vous en dit plus.
Le paludisme est une maladie infectieuse qui tue chaque année plus de 600 000 personnes (donc en moyenne un décès par minute), majoritairement des enfants de moins de cinq ans et 80 % des cas sont enregistrés en Afrique subsaharienne. Cette infection est causée par cinq espèces de protozoaires parasites du genre Plasmodium et transmise par la piqûre du moustique anophèle. Le parasite circule dans le sang, colonise et détruit les hématies, ce qui provoque chez la victime fièvre, fatigue généralisée, vertiges, tremblements et convulsions. Bien que les efforts de l’OMS ont permis de diviser par deux le nombre de victimes du paludisme par rapport à 2001, il y a encore beaucoup de travail à faire pour parvenir à une totale éradication de l’infection.
Les scientifiques ont mis au point une nouvelle molécule appelée (+)-SJ733 pour lutter contre le paludisme. Les tests sur les souris ont démontré qu’elle élimine effectivement le parasite en moins de 48 heures. Le docteur R. Kiplin Guy de l’hôpital pour enfants St. Jude est l’auteur principal du rapport publié dans les Actes de l’Académie des Sciences.
Chez les souris, une dose unique de SJ733 était capable d’éliminer 80 % du parasite en 24 heures puis de le faire chuter à des niveaux si faibles qu’il n’était plus détectable au bout de 48 heures. Le paludisme augmente très vite en résistance, c’est pour cette raison que les autres médicaments furent des échecs, mais SJ733 fonctionne si rapidement que le parasite n’a pas le temps de s’adapter.
« Notre objectif est de développer une thérapie rapide et abordable qui élimine le parasite du paludisme en une seule dose », a déclaré R. Kiplin Guy dans un communiqué de presse. « Ces résultats indiquent que SJ733 et d’autres composés qui agissent de façon similaire sont très importants pour l’éradication du paludisme à l’échelle mondiale, cela représente beaucoup pour les enfants du monde, des enfants qui sont au cœur de la mission de l’établissement Saint-Jude. »
Ce sont les travaux antérieurs de l’hôpital pour enfants St. Jude qui ont conduit au développement de SJ733. Cette nouvelle étude a identifié le mécanisme qui déclenche l’attaque des cellules infectées par le système immunitaire tout en laissant les cellules saines indemnes. Pour les cellules infectées par le parasite, SJ733 interfère avec la protéine ATP4, ce qui provoque une augmentation du niveau de sodium dans la cellule.
Une cellule qui contient trop de sodium rétrécit et devient plus rigide. Ce sont des caractéristiques normales du vieillissement cellulaire, le système immunitaire repère ces cellules et les élimine. De cette façon, le médicament n’attaque pas le parasite lui-même mais l’utilise comme marqueur pour détruire la totalité de la cellule infectée. SJ733 n’est pas le seul médicament qui fonctionne de cette manière, la protéine ATP4 est également visée par une classe de médicaments appelés spiroindolones.
« Les composés ciblant la protéine ATP4 induisent des changements physiques dans les globules rouges infectés ce qui permet aux mécanismes immunitaires qui contrôlent la qualité des érythrocytes de les détecter et de les éliminer rapidement tout en épargnant les hématies saines », a ajouté le co-auteur du rapport, Joseph DeRisi de l’université de Californie à San Francisco. Après le succès de cette étude, les chercheurs planifient les premiers essais cliniques chez l’homme.
Cette molécule est vraiment miraculeuse ! Au bureau, on félicite les scientifiques qui ont participé à ces importantes recherches. On espère que les tests sur les humains seront positifs et que ce traitement sauvera bientôt de nombreuses vies humaines. Pensez-vous qu’un jour l’Homme parviendra à totalement éradiquer le paludisme ?
Par William Arsac, le
Source: Iflscience