Une récente étude australienne a révélé comment les bactéries pouvaient contourner les règles de l’Évolution afin de développer une résistance aux antibiotiques, grâce au transfert horizontal de gènes.
Une première mondiale
Dans le cadre de ces travaux à paraître dans la revue PNAS, une équipe de chercheurs de l’université Monash a découvert que les bactéries étaient capables de transmettre des gènes résistants aux antibiotiques grâce au transfert horizontal de gènes (HGT), même lorsqu’il n’existait aucune pression environnementale les poussant à le faire, défiant ainsi les lois de la sélection naturelle.
Selon la conception traditionnelle de l’Évolution, les gènes sont transmis de façon verticale des parents à la progéniture. Après avoir observé l’émergence d’une résistance aux antibiotiques dans des milieux où celle-ci ne devrait pas nécessairement exister, les scientifiques australiens se sont penchés sur les causes de ce phénomène en étudiant des bactéries.
« Les gènes de résistance aux antibiotiques des bactéries que l’on trouve dans les hôpitaux, les égouts et les élevages, sont communs parce que l’utilisation de tels composés, liée aux activités humaines, est récurrente dans ces environnements », explique Kevin McDonald, auteur principal de l’étude. « Toutefois, lorsque les scientifiques analysent des milieux sans antibiotiques, comme les forêts ou les estuaires, de tels gènes peuvent également y être détectés. »
Afin d’en savoir plus, l’équipe a observé la croissance de bactéries n’ayant jamais été exposées aux antibiotiques, mais ayant bénéficié d’un transfert horizontal de gènes au contact de microbes déjà résistants à ce type de composés. Celles-ci ont ensuite été exposées à différents antibiotiques, et les chercheurs ont constaté qu’elles présentaient un niveau de résistance plus élevé que les bactéries témoins.
« La sélection naturelle peut être contournée »
« Nous avons découvert que les populations qui avaient bénéficié d’un HGT pouvaient résister au traitement par antibiotique, auquel les populations témoins ne survivaient pas », a précisé McDonald. Selon le chercheur, cela montre que les gènes de résistance aux antibiotiques peuvent se propager dans des populations n’ayant pas subi le processus de sélection consécutif à l’exposition à de tels composés.
Selon les auteurs de l’étude, cela pourrait également expliquer la présence de bactéries résistantes aux antibiotiques chez certains patients longtemps après la fin de leur traitement et pourquoi ces dernières développent rapidement une résistance même lorsqu’elles n’ont pas été exposées aux antibiotiques auparavant.
« Alors que l’on pensait auparavant que les adaptations génétiques ne se produisaient que lorsqu’il existait un bénéfice immédiat pour la survie des organismes, ces travaux montrent que si le HGT peut transmettre une part suffisante de ces gènes pour qu’ils se répandent au sein de la population, la sélection naturelle peut être contournée », concluent les chercheurs.
Par Yann Contegat, le
Source: Monash University
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