Un spectaculaire pic de méthane atmosphérique au cours des 16 dernières années a captivé l’attention des scientifiques, laissant entrevoir la possibilité d’un renversement climatique majeur dans les décennies à venir. Les émissions croissantes de méthane issues des zones humides tropicales depuis 2006 suscitent des interrogations sur leur rôle potentiel dans un scénario climatique similaire aux événements de « terminaison » qui ont marqué la fin des ères glaciaires.
Une période de la fin de l’ère glaciaire
Selon une étude publiée dans la revue Global Biogeochemical Cycles, cette tendance pourrait annoncer un changement climatique majeur, comparable à celui qui a mis fin aux ères glaciaires. Euan Nisbet, professeur émérite de sciences de la Terre à l’université Royal Holloway de Londres et auteur principal de l’étude, a expliqué que les périodes de « terminaison » engendrent des changements majeurs dans le système climatique de la Terre, passant d’une ère glaciaire à une période interglaciaire comme celle que nous vivons actuellement.
Des carottes de glace datant d’environ 800 000 ans montrent que ces épisodes de fin de glaciation se déroulent souvent en trois phases. Les niveaux de méthane et de CO2 augmentent progressivement au cours de la première phase, ce qui entraîne un réchauffement sur quelques milliers d’années.
Une augmentation rapide du méthane est ensuite suivie d’une forte hausse de la température, qui se stabilise au cours d’une troisième phase de plusieurs milliers d’années. M. Nisbet a précisé qu’au cours de cette phase abrupte de changement, qui ne dure que quelques décennies, le méthane connaît une augmentation rapide, probablement due aux émissions accrues des zones humides tropicales.
L’évolution des émissions de méthane
Le méthane est un gaz à effet de serre qui provient de sources naturelles, comme les zones humides, mais aussi de sources anthropiques, comme l’industrie du gaz naturel, les déchets ou l’élevage. Les émissions de méthane ont connu plusieurs phases depuis le début de l’ère industrielle.
Elles ont augmenté rapidement dans les années 1980, avec le développement du secteur du gaz naturel. Elles se sont stabilisées dans les années 1990, grâce à une meilleure gestion des fuites et des déchets. Elles ont repris leur ascension en 2006, sans que les scientifiques ne puissent expliquer clairement la cause. En 2013, une équipe internationale de chercheurs dirigée par M. Nisbet a constaté que cette hausse s’accélérait. En 2020, le méthane atteignait un niveau record, soit plus du double qu’avant la révolution industrielle.
De nombreuses recherches publiées en 2019 ont attribué cette augmentation à une hausse des émissions provenant des zones humides tropicales, principalement en Afrique. Selon M. Nisbet, le changement climatique d’origine humaine aurait modifié la météo tropicale, entraînant plus de pluies et plus de végétation dans les zones humides. Ces facteurs favorisent la décomposition pour la production et le relâchement du méthane dans l’atmosphère.
Agir pour réduire les émissions de méthane
Dans leur nouvelle étude, Nisbet et son équipe ont comparé les tendances actuelles du méthane atmosphérique à la phase abrupte de réchauffement observée à la fin des périodes glaciaires. Nisbet a souligné que le parallèle le plus proche de la situation actuelle se trouve dans la fin des périodes glaciaires.
Cependant, bien que les preuves ne soient pas concluantes, la possibilité d’un changement climatique de grande ampleur mérite d’être étudiée. Par le passé, les périodes de « terminaison » ont transformé d’immenses étendues de toundra dans l’hémisphère nord en prairies tropicales.
Les chercheurs ne prétendent pas avoir la preuve que nous sommes à la veille d’une telle terminaison, mais ils ont insisté sur le fait que la question doit être soulevée et explorée. Quoi qu’il en soit, ils appellent à réduire les émissions de méthane d’origine humaine, en colmatant les fuites de gaz, en traitant les déjections animales et les déchets agricoles.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Space
Étiquettes: methane, changement-climatique
Catégories: Écologie, Actualités
On nous rebattait les oreilles que l’ennemi c’était le CO2. Erreur, l’ennemi le plus dangereux, c’est le méthane !! Alors maintenant faisons la chasse au méthane……