S’il n’est pas inhabituel pour les parents de nombreuses espèces animales de se sacrifier pour leur progéniture, il s’avère que les mères orques poussent cette pratique à un extrême surprenant, en continuant à nourrir leurs fils adultes au détriment de leur propre succès reproductif.
Un succès reproductif largement impacté
Publiés dans la revue Current Biology, ces travaux menés par des chercheurs de l’université d’Exeter ont impliqué le suivi d’un groupe d’orques évoluant dans les eaux côtières de l’État de Washington et de la Colombie-Britannique, afin de déterminer le coût des soins prolongés que les mâles adultes recevaient de leur mère pour l’espèce.
« Nous savions que les orques mâles adultes continuaient d’être nourris par leurs mères, mais nous n’avions jamais vraiment exploré l’impact de ce phénomène », explique Michael Weiss, auteur principal de l’étude. « La communauté des épaulards résidents du Sud offre une occasion incroyable d’étudier ce genre de questions. En plus de leur système social bizarre, où les mâles et les femelles restent avec leur mère toute leur vie, ils constituent également l’une des populations sauvages de mammifères les mieux étudiées au monde. »
L’étude a révélé une corrélation négative marquée entre le nombre de fils sevrés survivants des femelles et leur probabilité annuelle de produire un autre petit viable, ne semblant pas s’inverser lorsque ceux-ci grandissaient. Selon les chercheurs, ces résultats, ne pouvant être expliqués par les schémas de lactation ou la composition du groupe, fournissent la première preuve claire de l’investissement maternel à vie chez un animal.
« Le prix que les femelles paient pour s’occuper de leurs fils sevrés était vraiment surprenant », explique Weiss. « Bien qu’un certain degré d’incertitude persiste, notre meilleure estimation est que chaque fils survivant supplémentaire réduit de plus de 50 % les chances d’une femelle d’avoir un nouveau petit au cours d’une année donnée. »
Des résultats importants
D’après Weiss, cet investissement extrême des mères orques contribuerait au succès reproductif de leurs fils (au détriment du leur), ce qui pourrait s’avérer suffisant pour compenser les coûts auxquels les femelles adultes de cette population menacée d’orques doivent faire face.
« Ces travaux illustrant la spécificité, voire l’unicité, du lien mère-fils chez les orques s’ajoutent au nombre croissant de recherches montrant l’importance des systèmes sociaux des animaux dans la détermination des modèles démographiques. Ce qui est d’une importance capitale à la fois pour la compréhension de notre monde et pour une conservation efficace des espèces menacées », conclut le scientifique.