Les données collectées par la mission Cassini ont permis de développer plusieurs modèles internes de Titan. Cependant, des études plus récentes réexaminent ces modèles. Elles se concentrent notamment sur l’hypothèse d’un océan global d’eau liquide sous la croûte glacée.

Les mesures gravitationnelles et de marée indiquent que Titan n’est pas entièrement solide et possède une structure interne mécaniquement différenciée
Pendant plusieurs décennies, les scientifiques ont décrit Titan comme un satellite glacé pouvant abriter un océan souterrain. Cette hypothèse reposait sur les effets de marée exercés par Saturne. Elle s’appuyait aussi sur des mesures gravitationnelles et de rotation issues de Cassini.
Cependant, des travaux récents utilisent une modélisation plus détaillée de l’énergie de marée. Ils montrent un décalage d’environ quinze heures entre la force gravitationnelle de Saturne et la déformation maximale de Titan. Ce résultat modifie l’interprétation précédente.
Ainsi, ce comportement ne correspond pas à la présence d’un océan global continu. Les analyses indiquent plutôt que des matériaux glacés ductiles composent l’intérieur. De plus, ces matériaux s’organisent en couches aux propriétés mécaniques distinctes.
Les modèles récents suggèrent l’existence possible de réservoirs localisés d’eau liquide à proximité du noyau rocheux
Selon ces modèles, l’intérieur de Titan pourrait contenir des zones limitées d’eau liquide. Celles-ci se situeraient près du noyau rocheux. Elles resteraient liquides grâce à la chaleur interne et aux interactions entre l’eau et la roche.
En outre, les simulations thermodynamiques montrent que certaines poches dépasseraient le point de congélation. Elles présenteraient aussi une composition chimique modifiée. Par conséquent, les chercheurs intègrent ces paramètres dans l’étude des environnements planétaires internes actuels.
La surface de Titan est caractérisée par des hydrocarbures liquides et une chimie organique active dans un environnement extrêmement froid
La surface de Titan présente de vastes lacs, des mers et des réseaux fluviaux. Ceux-ci contiennent principalement du méthane et de l’éthane liquides. Cependant, des températures proches de −180 °C empêchent l’eau d’y rester liquide.
Par ailleurs, ces hydrocarbures alimentent un cycle météorologique complet. Ce cycle comprend l’évaporation, la condensation et les précipitations. Il façonne donc l’érosion, le transport des sédiments et la morphologie générale de la surface, au fil du temps.
De plus, Titan possède une atmosphère dense dominée par l’azote. Dans cette atmosphère, des réactions photochimiques se produisent. Elles génèrent des molécules organiques complexes. Celles-ci se déposent ensuite à la surface. Ces dépôts s’accumulent sur de longues périodes.
Les données de Cassini et la mission Dragonfly sont essentielles pour affiner les modèles de structure interne et d’évolution de Titan
La mission Cassini-Huygens a fourni l’essentiel des données disponibles sur Titan. Toutefois, les chercheurs conservent des incertitudes sur sa structure interne et son bilan thermique. Ils utilisent donc les mesures de gravité, de rotation et de marées pour contraindre les modèles.
Ainsi, la mission Dragonfly vise à compléter ces observations. Ce drone analysera les matériaux de surface. Il apportera donc de nouvelles contraintes sur les processus géologiques et chimiques actifs sur Titan. Elle documentera aussi la diversité des sites visités.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: futura-sciences.com
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