Dans le monde de la physique, la matière noire demeure l’un des plus grands mystères de l’Univers. Bien qu’elle soit supposée représenter une grande partie de la masse totale de l’Univers, sa nature exacte reste inconnue. Des physiciens du monde entier sont en quête de preuves tangibles de son existence. Récemment, une équipe de scientifiques a utilisé le détecteur de matière noire le plus sensible au monde, le LUX-ZEPLIN (LZ), pour affiner cette recherche. Leur découverte : rien du tout. Et pourtant, ce résultat est tout sauf décevant.
Les WIMPs : un candidat théorique prometteur
Les observations astronomiques depuis plusieurs décennies suggèrent qu’il y a plus dans l’Univers que ce que nos yeux peuvent voir. La gravité observée autour des galaxies ne peut être expliquée que par la présence d’une matière invisible, que les scientifiques appellent « matière noire ». Cette matière noire serait cinq fois plus abondante que la matière visible, composée d’atomes et de particules que nous connaissons bien. Cependant, contrairement à la matière ordinaire, la matière noire interagit très faiblement avec elle, si ce n’est par l’intermédiaire de la gravité. Cela rend son identification et sa preuve directe extrêmement difficiles.
Parmi les hypothèses proposées pour expliquer la nature de la matière noire, les WIMPs, ou « particules massives interagissant faiblement » (Weakly Interacting Massive Particles), occupent une place centrale. Ces particules théoriques pourraient être la clé de la compréhension de la matière noire. C’est pourquoi les physiciens concentrent une grande partie de leurs recherches sur la détection de ces particules hypothétiques.
Pour percer le mystère des WIMPs, les chercheurs ont conçu le détecteur LUX-ZEPLIN, installé à près de 1,5 km sous terre dans l’État du Dakota du Sud, aux États-Unis. Ce détecteur est actuellement le plus sensible au monde dans la recherche de la matière noire. Il a permis aux scientifiques de sonder l’Univers à une profondeur sans précédent, augmentant ainsi les chances de détection de ces particules insaisissables.
Des résultats encourageants malgré l’absence de preuve
Récemment, l’équipe du LZ a atteint un nouveau jalon dans la recherche de la matière noire en établissant un record, non pas en trouvant des WIMPs, mais en ne les trouvant pas. Le détecteur a exploré des masses de WIMPs supérieures à 9 gigaélectronvolts/c² (GeV/c²) sans découvrir de preuves de leur existence. Pour mettre cela en perspective, la masse d’un proton est légèrement inférieure à 1 GeV/c², ce qui souligne la précision et la portée de ces recherches.
Bien que cela puisse sembler être un résultat décevant, Theresa Fruth, physicienne à l’université de Sydney et membre de l’équipe travaillant sur le projet LZ depuis neuf ans, explique dans un communiqué que ce résultat est en réalité d’une importance capitale. Selon elle, chaque étape qui affine notre compréhension de l’endroit où chercher, ou ne pas chercher, la matière noire est cruciale. Elle se demande si la découverte de la matière noire s’intégrera dans le modèle standard de la physique des particules, ou si elle nécessitera une révision complète de nos théories actuelles. La réponse à cette question pourrait révolutionner notre compréhension de l’Univers.
Comprendre la nature de la matière noire ne se limite pas à satisfaire une curiosité scientifique. Comme le souligne Fruth, cette mystérieuse composante de l’Univers joue un rôle fondamental dans la formation des galaxies, et donc dans l’existence même de notre monde tel que nous le connaissons. La masse de la matière noire contribue à l’attraction gravitationnelle nécessaire à la formation des structures galactiques, ce qui en fait un élément clé de notre compréhension cosmologique.
Le détecteur LUX-ZEPLIN représente l’outil le plus avancé dont dispose la communauté scientifique pour résoudre l’un des plus grands mystères de l’Univers : la matière noire. Les résultats obtenus, bien que ne révélant aucune preuve directe de WIMPs, démontrent la sensibilité extrême de cet instrument et son potentiel pour faire avancer nos connaissances dans les années à venir. Par ailleurs, le détecteur de matière noire le plus sensible au monde livre ses premiers résultats.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Cosmos Magazine
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