Une femme surprise devant le slip d’un homme via Shutterstock
Nous avons des microbes et des bactéries partout sur notre corps : dans notre bouche, entre nos doigts, sur nos parties génitales. Bien que ça ne soit pas très agréable d’imaginer notre peau grouiller de virus, il est captivant de nous intéresser à leur utilité. Les maladies sexuellement transmissibles ont été cataloguées comme dangereuses, voire mortelles. Certaines, pourtant, pourraient améliorer nos conditions de santé.
Un million de personnes attrapent une maladie sexuellement transmissible par jour dans le monde. Certaines impactent sur la fertilité, d’autres peuvent être beaucoup plus graves. Il y a énormément de raisons pour lesquelles nous n’avons pas envie d’être infectés. Cependant, une étude récente a souligné le fait que plusieurs bactéries sexuellement transmissibles pouvaient potentiellement être bénéfiques à notre santé.
Il n’est pas nouveau que nous sommes couverts de bactéries et nous vivons depuis toujours avec elles. Par exemple, le Lactobacillus est un microbe qu’on trouve naturellement dans le vagin et qui le protège des agressions et de la progression de virus, causés notamment par la bactérie Candida. Sans le Lactobacillus, c’est la porte ouverte aux infections.
Candida via Shutterstock
Lactobacillus
Le puceron vert du pois se nourrit de l’eau contenue dans les légumes. Il vit presque partout. Une telle acclimatation pourrait être due au fait que, lors de l’accouplement, un parasite sexuellement transmissible est passé d’un partenaire à l’autre. Ce parasite confère à son hôte une plus grande résistance à la chaleur et une plus grande tolérance aux repas non légumineux. Des microbes semblables ont été découverts sur des champignons, permettant à leur hôte de survivre malgré les hautes températures. Certaines bactéries colonisent les intestins, les testicules et les oeufs de certains moustiques. Il semblerait qu’elles permettent aux larves de se développer plus vite en les nourrissant.
Puceron vert du pois
Le virus GBV-C est une maladie sexuellement transmissible qui ne provoque pas de symptômes graves bien qu’elle soit souvent trouvée avec le VIH. Une étude a révélé qu’elle était associée à une réduction de 59 % du taux de mortalité dû au virus du SIDA. Les scientifiques pensent que GBV-C réduit la capacité du VIH à détruire nos cellules du système immunitaire. Il pourrait également stimuler d’autres parties de notre système immunitaire pour aider notre corps à combattre l’infection. Le GBV-C peut également être transmis de la mère à l’enfant, ce qui pourrait réduire le risque de passer le VIH. Plus récemment, il a été lié à la réduction de la mortalité chez les malades atteints d’Ebola.
Virus Ebola
Pour qu’une MST soit réellement bénéfique, il ne faut pas se baser uniquement sur la tolérance à la chaleur ou ce genre de détails. Certains microbes peuvent influer sur le comportement de leur hôte dans le bon sens. Par exemple, des tests sur des souris montrent que certaines bactéries intestinales affectent le cerveau des rongeurs pour réduire leur niveau d’anxiété. D’autres agissent sur le plan chimique. Des expériences sur des mouches ont prouvé que celles qui possédaient les bactéries préféraient s’accoupler avec des partenaires portant ces mêmes bactéries.
VIH
Est-ce possible que des maladies sexuellement transmissibles aient cette même capacité ? Il y a peu de preuves jusqu’à maintenant, mais d’après Chad Smith, un biologiste de l’université du Texas, si un homme possède un microbe bénéfique et qu’une femme a une relation sexuelle avec lui, il y a des chances qu’elle l’acquière.
Chez le lézard commun, par exemple, les femelles qui s’accouplent avec plus d’un partenaire ont une gamme de microbes plus diversifiée que celles qui ne le font pas. Le même procédé serait visible chez certains oiseaux femelles, qui recevraient des virus pouvant tuer des bactéries nuisibles. Les espèces ayant des partenaires variés auraient donc plus de chance de contracter des bactéries bénéfiques.
Lézard
Ces découvertes font grandement avancer les recherches dans le monde de la médecine. Il faudrait baser les tests sur des agents pathogènes capables d’interférer avec d’autres. Ainsi, il serait possible de se passer d’antibiotiques et d’autres composants qui peuvent être addictifs, voire à long terme, nocifs pour l’homme. Une médecine plus naturelle en somme. Pour l’instant, les expériences ne sont pas assez précises pour se passer totalement de médicaments.
Condoms via Shutterstock
Nous en saurons plus dans les années à venir. Les techniques des scientifiques sont novatrices et de nombreux microbes encore inconnus il y a 10 ans ont été découverts depuis. Les expériences et les tests foisonnent afin de s’assurer que les “bonnes” bactéries peuvent se transmettre lors d’un rapport sexuel. Il faudrait cependant trouver une solution pour se protéger contre les maladies graves tout en laissant passer les virus bénéfiques. Les scientifiques y travaillent, en attendant, le préservatif est la meilleure des solutions. Saviez-vous que de telles bactéries existaient ou pensiez-vous que les MST étaient uniquement néfastes ?
Par Lauranne Boivin, le
Source: BBC