Des chercheurs américains ont récemment découvert une signature spécifique des espèces bactériennes intestinales permettant de détecter les maladies hépatiques avancées avec une précision sans précédent.
Une méthode fiable et non invasive pour diagnostiquer les maladies hépatiques
La science continue de faire la lumière sur les liens entre les bactéries intestinales et toutes sortes de problèmes de santé, allant de la dépression aux maladies auto-immunes, en passant par la maladie d’Alzheimer et le syndrome de stress post-traumatique. Alors qu’elle étudiait ces relations, une équipe de chercheurs de l’université de Californie et de l’Institut Salk a identifié une signature chimique spécifique des espèces bactériennes intestinales, qui pourrait être utilisée pour détecter la fibrose hépatique et la cirrhose avec une précision supérieure à 90 %.
Caractérisée par une accumulation de graisse fréquente et au départ bénigne, la maladie du foie gras ou stéatose hépatique non alcoolique (NASH) peut évoluer et engendrer des lésions menant à la fibrose hépatique, à la cirrhose et éventuellement au cancer. S’il est possible de suivre l’évolution de la maladie vers ces phases dangereuses grâce à l’IRM et aux biopsies, celles-ci s’avèrent coûteuses et invasives, c’est pourquoi l’équipe à l’origine de cette nouvelle étude s’est penchée sur une approche moins contraignante.
Explorant la relation entre les bactéries intestinales et la NASH, les chercheurs avaient précédemment mis en évidence des liens entre des espèces bactériennes spécifiques et cette maladie pour des échantillons de taille restreinte. Dans le cadre de ces récents travaux présentés dans la revue Cell Metabolism, ceux-ci ont procédé à des analyses impliquant cette fois plus d’une centaine de sujets et développé un nouvel outil informatique chargé de les épauler dans cette tâche.
L’équipe a fait appel à 163 participants, en bonne santé ou souffrant de maladies hépatiques, dont les échantillons de selles ont été analysés. Le profilage génétique du microbiote ainsi que l’examen des métabolites ont permis aux chercheurs de mettre en évidence une signature spécifique basée sur la présence de 19 espèces bactériennes, indiquant une maladie du foie.
« Le microbiote est un capteur vivant et dynamique des perturbations que les maladies engendrent dans notre corps »
Cet ensemble d’espèces bactériennes a permis de diagnostiquer les cas de cirrhose avec une précision de 94 %, et l’équipe affirme qu’il pourrait également être utilisé pour déterminer le stade de la fibrose hépatique. Forte de ces résultats passionnants, l’équipe a ensuite entrepris de vérifier la technique sur deux groupes de patients indépendants en Chine et en Italie. Là encore, la technique s’est avérée très précise, permettant d’identifier correctement la cirrhose chez plus de 90 % des patients.
« Il est remarquable qu’une signature microbiotique dérivée de patients résidant en Californie du Sud pour la cirrhose ait pu prédire cette pathologie pour deux cohortes indépendantes résidant en Asie et en Europe. Cela témoigne des nouvelles découvertes qui restent à faire sur le rôle du microbiote intestinal dans le diagnostic et la stratification des risques de maladie du foie », déclare Rohit Loomba, coauteur de l’étude. « Je pense que le potentiel de l’utilisation du microbiote comme outil de diagnostic commence seulement à être effleuré. »
Dans les mois qui viennent, les chercheurs vont chercher à savoir si la modification de la composition des bactéries intestinales est susceptible d’améliorer la condition des malades ou de l’aggraver, ce qui devrait leur permettre d’identifier les liens de cause à effet potentiellement impliqués.
« Le microbiote est un capteur vivant et dynamique des perturbations que les maladies engendrent dans notre corps, et en tant que tel, constitue un indicateur précis de notre santé », explique le professeur Ronald Evans, coauteur de l’étude. « Comme ce diagnostic est rapide et peu coûteux, il pourrait être largement utilisé, en particulier dans les nombreuses zones manquant de cliniques et de médecins spécialisés. En résumé, cette approche pourrait changer la donne, avec des implications mondiales. »
Par Yann Contegat, le
Source: New Atlas
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