Connaissez-vous les loups rouges ? Cette espèce déjà très rare à l’état sauvage et vivant en Amérique du Nord pourrait bientôt complètement disparaître alors que nous la connaissons à peine. Longtemps traqués par les chasseurs, l’Homme reste une menace pour ces animaux à cause de projets environnementaux néfastes mais aussi de traques absurdes.
UNE ESPÈCE AUTREFOIS ÉTEINTE, ENCORE ACTIVE MAIS MENACÉE
Présent uniquement dans une petite partie de la Caroline du Nord, le loup rouge est un animal méconnu dont l’histoire est assez mouvementée. Les loups, qui vivaient autrefois entre le Texas et l’État de New York ont été, pendant des décennies, traqués par l’Homme. Cette haine envers les loups fut telle que l’espèce a été déclarée éteinte à l’état sauvage en 1980.
Suite à ce constat, ces chercheurs ont voulu réintroduire l’espèce dans la nature en relâchant à titre expérimental quelques individus en 1987. Ces loups ont alors trouvé refuge dans l’Alligator River National Wildlife Refuge, une zone protégée.
En se reproduisant avec des coyotes, l’espèce a ainsi pu prospérer jusqu’en 2006. Cependant, un déclin du nombre de loups rouges a commencé à cette époque. A cause de leur mortalité élevée et des traques menées par l’Homme, les loups rouges ne sont aujourd’hui plus que 35 à vivre à l’état sauvage. Pourtant, malgré ce chiffre critique, leur protection est encore loin d’être garantie.
L’HOMME, UNE MENACE POUR LE LOUP ROUGE
Les propriétaires fonciers redoutent le loup rouge car il s’aventure parfois trop près de leurs terres. Malgré le faible nombre d’individus vivant en liberté, le U.S. Fish and Wildlife Service a proposé de mettre en place une nouvelle règle : si un loup rouge quitte l’Alligator River National Wildlife Refuge, un propriétaire peut légalement abattre l’animal. La proposition, actuellement examinée par les experts de la faune sauvage, divise au sein même de la communauté scientifique.
D’une part, certains sont révoltés et estiment que le U.S. Fish and Wildlife Service est en partie responsable du déclin des loups rouges. Le service aurait reçu des pressions politiques, ce qui n’aide pas le cas du loup rouge. En prime, l’espèce n’est pas reconnue comme « en voie de disparition » classique dans le sens où elle a été réintroduite dans la nature à titre d’expérimentation.
De l’autre coté, des chercheurs comme Joseph Hinton de l’Université de Géorgie sont septiques quant à l’avenir de l’animal. Au-delà de l’Alligator River National Wildlife Refuge, l’idée de réintroduire le loup rouge ailleurs a été évoquée. Selon Joseph Hinton, « Si vous ne pouvez pas réussir en Caroline du Nord, qu’est-ce qui vous fait penser qu’ils vont réussir ailleurs. »
HYBRIDATION ET AVENIR INCERTAIN
Si 200 loups vivent actuellement en captivité, seule une douzaine d’individus se trouvent dans le refuge. Les autres animaux vivent au delà de ces frontières et pourraient bientôt être légalement abattus. Dan Ashe, président et chef de la direction de l’Association of Zoos and Aquariums dit que son organisation est « prête à s’engager et à continuer à maintenir une population saine et génétiquement viable dans le domaine des soins aux humains« .
En effet, le faible nombre de loups rouges sauvages n’est pas le seul problème à régler. A cause de celui-ci, la consanguinité est très présente chez l’espèce. Mais le fait que certains loups se soient reproduits avec des coyotes a permis à l’espèce de prospérer. Néanmoins, les biologistes redoutent une hybridation qui diluerait le patrimoine génétique des deux espèces.
Entre les décisions politiques, l’hybridation de l’espèce et les chasseurs, l’avenir du loup rouge est encore incertain. Si Dan Ashe compte agir, la nouvelle loi risque de rendre la vie des loups rouges plus compliquée. Si elle est adoptée, elle sera appliquée dès novembre prochain.
Par Justine Manchuelle, le
Source: National Geographic
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