
Âgé de onze ans, un lion mutilé déjoue tous les pronostics en survivant depuis des années. Des chercheurs ont récemment percé les secrets de son incroyable résilience.
Des adaptations inédites
Jacob, qui avait perdu sa patte arrière gauche en 2020 après avoir été pris dans un piège de braconnier, et son frère Tibu s’étaient retrouvés au coeur de l’actualité l’an passé, suite à la traversée record d’une rivière infestée de crocodiles du parc national ougandais Queen Elizabeth. Aujourd’hui, le lion refait parler de lui pour une raison bien différente.
Les grands carnivores blessés ou mutilés se rabattent généralement sur les charognes, ou vont cibler des troupeaux avec l’appui de plusieurs de leurs congénères. Jacob, qui a également perdu un oeil après avoir été encorné par un buffle d’eau, ne pouvant compter que sur l’aide de Tibu, les chercheurs s’attendaient à ce qu’il meurt rapidement de faim.
Cinq ans après l’incident initial, Jacob est toujours là, et son suivi à l’aide de drones équipés de caméras thermiques a révélé qu’il adoptait une stratégie de chasse typique des léopards. Ne pouvant poursuivre ses proies sur de longues distances, il est devenu un redoutable chasseur embusqué. Tapi dans d’épais fourrés, il attend patiemment qu’elles passent à proximité de sa position et bondit alors sur elles.
Jacob, an 11-year-old lion, has defied expectations by surviving for years after losing a leg – now we know his success is down to an innovative hunting strategy https://t.co/0IEUZtW1UV
— New Scientist (@newscientist) November 16, 2025
Alors que ses homologues valides du parc Queen Elizabeth s’attaquent généralement à des herbivores grands et rapides, comme les antilopes et les buffles d’eau, le fauve mutilé et son frère se sont rabattus sur les potamochères, cochons africains pouvant peser plus d’une centaine de kilos. Selon Alexander Braczkowski, du Kyambura Lion Monitoring Project, c’est la première fois que de telles adaptations sont documentées chez un lion « tripode ».
Un exemple de survie
Le suivi étroit de Jacob a révélé qu’au cours des deux dernières années, il avait traversé à la nage le canal de Kazinga à près de vingt reprises. Assez remarquable pour un animal aussi physiquement diminué, la distance moyenne qu’il couvre quotidiennement (1,73 kilomètre) indiquerait un manque de proies ou de partenaires.
Braczkowski estime que la résilience extrême du lion ougandais est de bon augure pour les populations de grands fauves confrontées à une perte significative d’habitat et au changement climatique.
« C’est un exemple de survie », conclut George Schaller, qui avait été l’un des premiers chercheurs à étudier de façon approfondie les interactions des lions sauvages avec leur proies.
L’an passé, des séquençages génétiques avaient révélé de nouveaux secrets des lions mangeurs d’hommes du Kenya.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
Étiquettes: lion
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