
L’IA devient une arme puissante pour anticiper les catastrophes liées au changement climatique, mais sa consommation énergétique soulève des inquiétudes. Des modèles comme GraphCast ou FourCastNet transforment la prévision météo. Pourtant, leur empreinte carbone impose une réflexion sur leur usage à grande échelle.
L’IA permet d’anticiper les catastrophes climatiques plus rapidement et avec précision
Des avancées majeures dans les algorithmes d’intelligence artificielle révolutionnent la manière dont les scientifiques modélisent le climat. Par exemple, des systèmes tels que FourCastNet ou GraphCast génèrent des prévisions météo à 10 jours en moins d’une minute, contre plusieurs heures auparavant.
Cette rapidité permet de réduire les incertitudes dans les scénarios climatiques et d’affiner les réponses d’urgence.
Grâce à leur puissance de calcul, ces outils couplés aux modèles du GIEC ont identifié que 34 régions du globe dépasseront 1,5 °C de réchauffement dès 2040. Cette précision facilite l’élaboration de stratégies d’adaptation ciblées.
L’IA va plus loin. En juin 2025, une équipe française a présenté un modèle prédictif d’incendies à l’échelle des départements. Il croise les données locales (météo, végétation, historique des feux) pour détecter les risques avec une redoutable efficacité. Drones, caméras et capteurs, connectés à des intelligences artificielles, améliorent aussi les interventions sur le terrain.
Autre exemple : les jumeaux numériques de villes. Ce sont des répliques virtuelles qui simulent l’impact du changement climatique sur les bâtiments, les réseaux ou la mobilité. Ils aident à concevoir des infrastructures plus résilientes et des plans d’aménagement adaptés.
L’IA optimise la transition énergétique mais consomme énormément de ressources
En matière d’énergie, l’intelligence artificielle optimise la production, la consommation et la gestion des réseaux électriques.
Elle coordonne les énergies renouvelables et réduit les gaspillages. Elle apparaît comme un levier central de la transition écologique. Cependant, cette efficacité énergétique a un coût environnemental souvent ignoré.
Selon un rapport du CESE, des modèles comme GPT-3 génèrent plus de 500 tonnes de CO2 et utilisent jusqu’à 700 000 litres d’eau. Ces chiffres sont alarmants. Ils montrent que l’empreinte écologique des IA peut annuler leurs bénéfices, en l’absence de régulation stricte.
Une IA frugale et éthique devient indispensable pour limiter son impact écologique
Face à ces défis, 20 pays réunis à Paris en février 2025 ont appelé à développer une IA frugale. Ils ont créé la fondation Current AI, dotée de 400 millions d’euros, pour financer des projets écoresponsables. L’objectif : favoriser des technologies sobres, transparentes et éthiques.
Cette initiative souligne un point essentiel : la maîtrise énergétique de l’IA devient un enjeu politique. Si elle reste non régulée, elle pourrait aggraver le dérèglement climatique qu’elle cherche à combattre.
Une technologie puissante révélatrice de nos contradictions environnementales
L’intelligence artificielle représente une opportunité unique de renforcer notre résilience face aux changements climatiques. Elle permet de mieux prédire, mieux gérer et mieux réagir. Toutefois, pour qu’elle devienne un véritable atout, elle doit s’inscrire dans une démarche responsable et sobre.
Finalement, l’IA pourrait bien devenir le miroir de nos contradictions. Elle révèle notre capacité à innover pour préserver la planète, mais aussi notre tendance à exploiter sans toujours mesurer les conséquences. Le choix nous appartient : faire de l’intelligence artificielle un outil de sauvetage ou un facteur aggravant du chaos climatique.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Technologie, Robots & IA