Depuis plusieurs semaines, les réseaux sociaux s’enflamment : et si l’hiver 2025-2026 était le plus froid du siècle ? Une rumeur bien alléchante pour les amateurs de neige… mais complètement infondée selon les météorologues. J’ai plongé dans les données, interrogé les prévisions, et la conclusion est claire : l’hiver à venir devrait être doux, voire très doux.

La France n’a plus connu de véritable hiver depuis 2019, et la tendance ne s’inversera pas cette année
Il faut rappeler un fait simple : la France n’a pas connu d’hiver froid depuis 2019. Année après année, les relevés montrent un écart supérieur à la moyenne saisonnière, signe d’un réchauffement global qui s’installe. L’hiver dernier, par exemple, a affiché +0,6 °C par rapport à la normale.
Celui de 2023-2024 avait même atteint un excédent de +2 °C, un chiffre exceptionnel à l’échelle nationale. Dans ce contexte, imaginer un hiver glacial relève presque du fantasme météorologique. Car si la variabilité naturelle peut encore provoquer un épisode froid, les tendances lourdes du climat indiquent tout le contraire : la douceur reste la norme.
Cette absence de froid véritable a aussi des conséquences bien réelles sur notre quotidien. Les stations de ski manquent de neige, les cultures agricoles s’adaptent à des hivers plus courts, et les consommations d’énergie évoluent. Nos habitudes changent, tout comme notre rapport à la saison hivernale : les décorations de Noël s’installent désormais sans givre sur les vitres, et les manteaux épais dorment souvent au placard.
Les indicateurs climatiques mondiaux pointent vers un hiver doux et sec en France
Les météorologues ne se contentent pas d’observer les températures : ils surveillent plusieurs indicateurs globaux pour anticiper les tendances. Le plus influent est l’oscillation nord-atlantique (NAO), qui détermine le trajet des dépressions.
Lorsqu’elle est positive, comme c’est prévu cette année, elle favorise un flux d’ouest doux et humide ; lorsqu’elle est négative, elle laisse descendre l’air froid continental. Cette configuration actuelle oriente donc vers un hiver clément.
À cela s’ajoute le retour du phénomène La Niña dans le Pacifique, souvent associé à des hivers secs et plutôt modérés en Europe. Combiné à un jet stream polaire stable et orienté vers le nord, ce cocktail limite la descente d’air froid vers la France. En parallèle, la réduction de la banquise arctique accentue l’absorption solaire et renforce la douceur globale. Tous ces signaux convergent vers un scénario clair : un hiver lumineux, doux et relativement sec.
Les grands organismes de prévision annoncent unanimement un hiver doux, loin du scénario catastrophe
Les modèles des grands centres de prévision s’accordent cette fois sans ambiguïté. Météo Villes, La Chaîne Météo et Copernicus prévoient un hiver 2025-2026 doux à très doux sur la quasi-totalité du territoire.
Les températures moyennes devraient dépasser les normales saisonnières, en particulier dans le nord-ouest et le sud-est de la France. Quant aux précipitations, elles s’annoncent modérées à faibles, confirmant un hiver calme et stable.
Cette unanimité n’est pas anodine : elle reflète la fiabilité croissante des modèles climatiques européens. Les chercheurs insistent désormais sur la cohérence des tendances plutôt que sur des événements isolés.
En d’autres termes, il ne s’agit plus de savoir si une vague de froid surviendra, mais de comprendre pourquoi elle devient plus rare. C’est une évolution de fond dans la manière de lire la météo et de parler du climat.
Pourquoi les rumeurs d’un hiver glacial ressurgissent-elles chaque année sur les réseaux sociaux ?
Chaque automne, les réseaux sociaux voient réapparaître les mêmes publications alarmistes : une carte météo sensationnaliste, un titre exagéré, et la rumeur d’un « hiver du siècle » prend feu. Ces annonces reposent rarement sur des données vérifiées. En réalité, aucun modèle sérieux ne permet de prédire le détail du temps au-delà de trois mois, et encore moins à l’échelle d’un pays comme la France.
Ce phénomène récurrent s’explique par notre fascination collective pour le froid et la neige. Il mêle nostalgie, besoin de spectaculaire et désinformation amplifiée par les algorithmes. Certains médias contribuent malgré eux à cette confusion en relayant des informations mal contextualisées.
Pourtant, les faits sont têtus : l’hiver 2025-2026 sera doux, et il s’inscrit dans la logique du réchauffement global que nous vivons déjà. Les enjeux réels sont désormais ailleurs : l’eau, l’agriculture et notre adaptation quotidienne à un climat qui change.
Par Eric Rafidiarimanana, le