L’analyse minutieuse d’une cinquantaine de lettres au contenu cryptique, rédigées au XVIe siècle à l’attention d’un fonctionnaire français, ont permis d’en établir l’illustre auteure : Marie Stuart, reine « maudite » d’Écosse.
Des missives éclairant les dernières années de détention de Marie Stuart
Arrière-petite-fille d’Henri VII, Marie Stuart est considérée comme l’une des figures les plus tragiques de l’histoire. Seule prétendante au trône d’Angleterre reconnue par les catholiques et considérée comme une menace par sa cousine Élisabeth Ire, protestante, celle-ci a passé près de la moitié de sa vie emprisonnée avant d’être exécutée pour trahison, à l’âge de 44 ans.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Cryptologia, un trio d’experts a établi que des dizaines de lettres mystérieuses conservées dans le archives de la Bibliothèque nationale avaient été rédigées par la reine maudite d’Écosse au cours de ses dernières années de détention.
Combinant algorithmes informatiques avancés et analyses linguistiques et contextuelles, l’approche utilisée par les chercheurs leur a permis de déchiffrer un total de 57 missives, dont 50 étaient auparavant inconnues des historiens. Écrites entre 1578 et 1584 à l’aide d’un système de cryptage sophistiqué (impliquant un mélange de lettres et de symboles correspondant à des noms, lieux et dates spécifiques), celles-ci étaient majoritairement adressées à Michel de Castelnau, alors ambassadeur de France en Angleterre.
Évoquant ses conditions de détention difficiles et sa santé déclinante, Marie Stuart exprimait sa détresse au sujet de son fils et futur roi d’Angleterre Jacques Ier, qui lui avait été enlevé à l’âge d’un an, ainsi que ses doutes au sujet des négociations en cours avec sa cousine pour obtenir sa libération, allant jusqu’à dire que ces dernières n’étaient « pas menées de bonne foi ». Les chercheurs ont également relevé de nombreuses références à Francis Walsingham, secrétaire d’Élisabeth Ire, et au comte de Leicester, qui était l’un des favoris de la reine.
Cryptage avancé
Selon les chercheurs, les chiffrements utilisés étaient homophoniques, impliquant que chaque lettre de l’alphabet puisse être codée à l’aide de différents symboles afin d’éviter que certains d’entre eux ne reviennent trop fréquemment et soient décryptés par les espions de la reine d’Angleterre.
« On pourrait comparer ces travaux au fait de résoudre une très grande grille de mots croisés », résume George Lasry, membre du projet DECRYPT et auteur principal de la nouvelle étude. « La plupart des efforts ont été consacrés à la transcription des lettres chiffrées [150 000 symboles au total], et à leur interprétation. »
« Il s’agit de la plus importante découverte concernant Marie Stuart depuis plus de 100 ans », commente John Guy, professeur d’histoire à l’université de Cambridge. « Ces lettres constituent un ensemble volumineux de nouveaux documents primaires sur cette figure historique [environ 50 000 mots], jetant un nouvel éclairage sur certaines de ses années de captivité en Angleterre. »
Par Yann Contegat, le
Source: Live Science
Étiquettes: lettre, marie stuart
Catégories: Actualités, Histoire
Magnifique travail!
Quelles sont ses références précises?