Chaque semaine, des satellites britanniques sont approchés, brouillés, observés. Très loin au-dessus de nos têtes, une guerre silencieuse s’installe. Une guerre sans missiles ni explosions, mais aux conséquences bien réelles. Le Royaume-Uni, lui, est en première ligne.

Une guerre invisible dans l’espace, mais des conséquences bien tangibles sur Terre
Quand on parle de conflit, on pense souvent aux chars ou aux avions. Pourtant, désormais, la bataille se joue aussi dans l’espace. Le général britannique Paul Tedman affirme qu’il ne se passe pas une semaine sans que la Russie tente de perturber les six satellites militaires du pays. Pas de débris ni d’explosions visibles, mais plutôt des brouillages, des interceptions de signaux et des approches dangereusement proches d’engins russes.
Ces satellites assurent les communications sécurisées, la navigation et la surveillance. En effet, les satellites russes dits « butineurs » peuvent observer, brouiller ou neutraliser temporairement les systèmes adverses. C’est un peu comme si un navire ennemi frôlait un sous-marin pour écouter ses conversations. Ainsi, ces gestes répétés testent les limites : jusqu’où aller sans déclencher une riposte ?
Depuis l’invasion de l’Ukraine, l’espace est devenu un nouveau front stratégique pour la Russie
Depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, ces actions se multiplient. Peu à peu, l’espace est devenu un nouveau champ de bataille. Les satellites ne servent plus seulement à la météo ou au GPS : ils sont essentiels pour les armées modernes. Brouiller un signal, c’est désorganiser des troupes ou aveugler un drone. Autrement dit, la Russie cherche à affaiblir ses adversaires sans provoquer un affrontement direct.
Le général Tedman rappelle que l’économie britannique dépend à hauteur de 450 milliards de livres de l’espace. Cela représente près de 20 % du PIB. En clair, brouiller un satellite, c’est comme couper le courant d’un pays entier. Et quand certains satellites civils, comme ceux de Starlink, sont utilisés à des fins militaires, la frontière entre les deux mondes devient floue. Résultat, cette dépendance rend le Royaume-Uni plus vulnérable que jamais.
Comment le Royaume-Uni prépare sa riposte face à la guerre technologique spatiale
Face à la menace, le ministère de la Défense britannique réagit. Concrètement, des ingénieurs développent une technologie de détection des lasers. Elle permettrait d’identifier les signaux envoyés depuis le sol ou l’espace pour éblouir ou espionner les satellites britanniques. L’objectif est clair : repérer l’attaque avant qu’elle ne fasse des dégâts.
C’est un peu comme des lunettes de soleil connectées pour satellites. Dès qu’un faisceau suspect apparaît, une alerte se déclenche. Ainsi, l’idée est de prévenir avant de subir, car dans l’espace, la distance ne protège plus. Parallèlement, Londres renforce aussi sa coopération avec les États-Unis et la France via le Commandement de l’espace. Désormais, la Space Force n’est plus de la science-fiction : c’est devenu une nécessité.
Vers une militarisation inévitable de l’espace ou simple dissuasion ?
Le risque augmente, même sans guerre ouverte. Les brouillages et les approches hostiles sont des signaux politiques. La Russie montre qu’elle peut observer et perturber. Par ailleurs, la Chine, plus discrète, dispose de capacités encore plus avancées. Les États-Unis s’inquiètent d’une montée en puissance coordonnée des deux puissances.
L’espace, autrefois symbole de coopération, devient un territoire de rivalités. De plus, nous dépendons des satellites pour payer, naviguer, communiquer, prévoir la météo. Leur sécurité n’a jamais été aussi fragile. En fin de compte, il n’y aura sans doute pas de bataille spatiale façon Star Wars. Mais la guerre de l’ombre, elle, est déjà bien engagée.
Par Eric Rafidiarimanana, le
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