Les Ailes d’Honnéamise est l’une des perles oubliées par beaucoup de l’animation japonaise. Sortie juste avant l’explosion de l’anime en dehors du Japon, c’est pourtant une oeuvre captivante qui mérite largement le détour. Avec une science-fiction cohérente et une animation exceptionnelle, c’est sans aucun doute l’un des meilleurs films d’animation des années 80.
Écrit et réalisé par Hiroyuki Yamaga, le film sort en 1987 sans réellement parvenir à rattraper son budget colossal. L’avis des critiques est pourtant largement positif et a fait naître la possibilité d’une suite se déroulant cinquante ans après les événements du premier film. Malheureusement, la situation financière de l’époque pour Gainax, la société de production, met un arrêt au projet alors que ce dernier était déjà à moitié achevé. Heureusement, l’histoire ne s’arrête pas là et depuis l’énorme succès d’Evangelion et la renaissance de la société, l’envie de reprendre le second film est toujours présente, poussant Gainax à annoncer fin 2013 qu’une suite sera réalisée dans le futur.
Les fans du film seront certainement heureux de l’apprendre, mais pour ceux qui ne connaissent pas Honnéamise, retraçons un peu le récit de ce film fantastique. Dans une version alternative de notre monde, une civilisation industrielle prolifère alors qu’une guerre imminente gronde entre deux entités limitrophes : la République et le Royaume d’Honnéamise. Shirotsugh Lhadatt (on ne choisit pas son nom) est un jeune homme sans ambition qui, suite à la rencontre de Riquinni Nonderaiko, une jeune femme religieuse, décide de devenir un astronaute. Son entraînement reflète son épanouissement psychologique et l’évolution du personnage alors que lui et son équipe doivent faire face aux problèmes technologiques qui les empêchent de quitter la planète.
Alors que la publicité grandit autour de sa mission qui pourrait pour la première fois envoyer des hommes dans l’espace, la tension monte entre les deux pays. Le lancement se fait dans une zone démilitarisée et le gouvernement espère entraîner ses adversaires dans un piège en les poussant à vouloir arrêter le lancement. Alors que la bataille fait rage dans les cieux comme au sol, le gouvernement met fin à la mission de Lhaddat à laquelle ils ne croient de toute façon pas vraiment. Ce dernier ne voit pas les choses de la même manière et décide de poursuivre le lancement en convainquant son équipage de l’accompagner. Alors que la guerre s’enflamme, le lancement spectaculaire du héros paralyse les soldats des deux armées, captivés par la prouesse humaine.
En plus d’être une histoire touchante et diablement bien écrite, c’est aussi une réécriture de notre histoire faisant écho à la période s’étendant de 1957 au milieu des années 70 alors que les États-Unis et l’Union soviétique tentent chacun de gagner la course à l’espace. La notion que le meilleur de l’homme et de ses accomplissements, malgré ses intentions initiales, puisse interrompre la guerre et les souffrances est un message magnifique qui en dit long sur la condition humaine et les conflits qui règnent dans son coeur. L’histoire est servie par une animation absolument impeccable qui reste toujours très claire pour le spectateur malgré la diversité des événements et des décors. L’attention du détail de chacun de ces derniers rend le second visionnage encore plus surprenant tellement on est étonné de découvrir tout ce que l’on a pu louper la première fois.
Lors de sa période de marketing, le film est vendu comme un pendant à Nausicaä de la vallée du vent même si toute l’histoire est écrite intégralement par Yamaga. Afin de convaincre Bandai Visual de collaborer à la production du film, Gainax produit un court-métrage intitulé The Royal Space Force. Mission accomplie puisque le président de Bandai déverse 8 milliards de yens pour le projet, à l’époque un record pour un film d’animation. Afin de bien saisir l’atmosphère englobant la course à l’espace, l’équipe de développement fit de nombreux voyages aux États-Unis aux centres d’aviation et de recherche spatiale, notamment à l’occasion du lancement de Discovery en 1984. Dans l’équipe, on retrouve le designer des personnages Yoshiyuki Sadamoto et Hideaki Anno aux effets spéciaux et à l’animation. Les deux collègues sont surtout connus pour avoir donné vie à un projet culte : Neon Genesis Evangelion en 1995.
Les Ailes d’Honnéamise jouit d’une esthétique magnifique aux couleurs captivantes et aux détails fournis, que cela soit dans les costumes des personnages, les décors ou même la réflexion qui accompagne chaque élément de son univers. Malgré quelques petites faiblesses de rythme et une narration inégale, le message global résonne en nous, dans un récit qui prône l’intelligence et la curiosité plutôt que les soucis terrestres et les conflits. Avez-vous déjà vu Les Ailes d’Honnéamise ?
Par Florent, le